Les Actualités MEDEF HDF Emploi-Formation
Toutes les Actualités Emploi-Formation - semaine 51
Point Emploi
Emploi en France : le pessimisme gagne du terrain
Le contexte s'assombrit
Les Français ne font pas confiance à la situation de l'emploi. Selon le dernier baromètre annuel de l'Unédic publié le 9 décembre, 66 % d'entre eux estiment que la situation se dégrade, une augmentation spectaculaire de 16 points en seulement un an. Ce niveau de pessimisme retrouve les sommets atteints en 2020, en pleine crise Covid.
Des demandeurs d'emploi de plus en plus découragés
L'impact sur les demandeurs d'emploi est direct et préoccupant : deux tiers jugent peu ou pas probable de retrouver un emploi à court terme, et un tiers considère même cette probabilité comme nulle. Un discours radicalement plus sombre qu'un an auparavant.
Paradoxalement, les actifs en emploi se montrent plus optimistes, avec deux sur trois estimant qu'ils ne connaîtront pas de période de chômage dans les deux ans. Toutefois, cette confiance cache une certaine paralysie : les actifs deviennent plus prudents et renoncent à des changements professionnels (17 % seulement projettent de changer de métier, en baisse de 8 points).
Les freins cachés au retour à l'emploi
Au-delà des compétences et de la formation, le baromètre révèle des obstacles invisibilisés mais cruciaux qui empêchent le retour à l'emploi :
L'absence de solutions de garde d'enfants est le frein majeur (64 % des demandeurs d'emploi)
Suivent les problèmes de santé (58 %) et les difficultés linguistiques (53 %)
L'âge avancé, le handicap et l'absence de permis complètent le tableau
Résultat choc : 7 demandeurs d'emploi sur 10 ont dû renoncer à un emploi en raison de ces freins.
Une volonté d'adaptation qui ne suffit pas
Les demandeurs d'emploi ne sont pas inactifs face à ces obstacles. La majorité se dit prête à faire des concessions : accepter un temps partiel (68 %), des horaires irréguliers (59 %), revoir ses prétentions salariales à la baisse (50 %) ou même déménager (40 %).
Malheureusement, cette adaptabilité ne semble pas suffire face aux réalités du marché et aux contraintes structurelles.
Attachement à l'assurance chômage en recul
Le sentiment d'attachement au modèle français d'assurance chômage demeure majoritaire (56 %), mais fléchit de quatre points. Cette baisse s'observe particulièrement chez les publics les plus éloignés du chômage, tandis qu'elle progresse justement chez ceux qui en ont le plus besoin.
Persistent aussi les stéréotypes : 59 % des Français pensent que les chômeurs ne font pas assez de concessions dans leur recherche, tandis que 60 % surestiment fortement le taux de chômage réel.
Bâtiment : le secteur s'effondre, 20 000 postes détruits en 2025
Une hémorragie d'emplois
Le bâtiment traverse une période critique. La FFB (Fédération française du bâtiment) annonce la destruction de 20 000 postes salariés et intérimaires en 2025, un chiffre qui s'ajoute aux 35 000 pertes d'emploi enregistrées entre 2022 et 2024. Pire encore : l'organisation patronale anticipe la suppression de 10 000 équivalents temps plein supplémentaires en 2026.
L'activité se contracte
Cette hémorragie d'emplois découle d'une contraction généralisée du secteur. L'activité dans le bâtiment recule de 4 % hors effet prix en 2025, entraînant une spirale difficile à contenir. Olivier Salleron, président de la FFB, explique la situation : les entreprises ont jusqu'à présent gardé leurs salariés en espérant une reprise, mais "sans mesures favorables, il y aura des licenciements".
Un paysage sombre pour 2026
Pour 2026, la FFB prévoit une légère reprise d'activité (+1,8 % à prix constants), portée notamment par le logement neuf (+9,5 %). Cependant, Olivier Salleron nuance ce "sursaut" : "l'activité en 2026 part de très bas en 2025. Le rebond, c'est un retour au niveau de 2024". Cette modeste amélioration ne suffit pas à éviter de nouvelles destructions d'emplois.
La formation professionnelle en crise
Autre sujet d'alarme : l'apprentissage s'effondre. Le nombre d'apprentis a chuté de 9 % cette rentrée, une baisse critique pour un secteur qui a besoin de relever ses effectifs. La FFB s'inquiète particulièrement de "la révision à la baisse annoncée du financement de l'apprentissage" et demande le maintien du financement public pour les formations du CAP au BTS dans les CFA de la profession.
Des demandes d'urgence au gouvernement
Face à cette "fragilité certaine", la FFB appelle à plusieurs mesures :
Un vote rapide du budget 2026 pour stabiliser les finances publiques
Un renforcement des aides à l'apprentissage pour recruter les jeunes
Un statut du bailleur privé véritablement incitatif pour relancer le logement
Une relance du logement social
Le maintien du Fonds vert pour accompagner la transition écologique
"Le logement, le mal aimé de la République"
Olivier Salleron met un accent particulier sur l'urgence d'agir sur le logement. Sans mesures suffisantes, il estime que "la crise du logement va sûrement faire descendre les Français dans la rue". Le secteur du bâtiment ne peut pas être sacrifié sur l'autel des économies budgétaires.
Un contexte 2026 peu porteur
Au-delà des destructions d'emplois, la FFB peint un tableau économique dégradé : croissance limitée du PIB et légère hausse du taux de chômage en perspective. Ces prévisions pourraient s'aggraver si le PLF 2026 n'est pas voté rapidement, prévient l'organisation patronale
Formation - Education
Alternance en France : 2025, l'année du reflux
2024, année de bascule ; 2025, année de reflux
Le bilan de l'alternance en France selon le tableau de bord de novembre 2025 de l'Observatoire de l'Alternance n'est pas réjouissant. L'année 2024 avait enregistré une légère hausse de 4 % pour les contrats d'apprentissage, mais les contrats de professionnalisation s'effondraient (-25 %).
Pire encore, 2025 marque un tournant préoccupant. Après des années de croissance, les entrées en apprentissage connaissent une baisse marquée, projetée autour de -10 % en fin d'année 2025, certains secteurs enregistrant des chutes jusqu'à -15 %. Les contrats de professionnalisation connaissent un effondrement encore plus dramatique, en baisse de -7 % jusqu'en août 2025, s'ajoutant à la chute de -24 % en 2024.
Une machine politique qui s'enraye
Le Tableau de bord alerte sur plus d'une quinzaine de mesures directes ou indirectes qui fragilisent le système. Au cœur de cette crise : des coupes budgétaires, la suppression de la prime à l'embauche, et une pile de modifications réglementaires qui créent un climat d'attentisme dangereux parmi les entreprises et les familles.
Déjà fragilisé par deux ans d'actualisations successives du financement, le système est désormais aux prises avec :
La fin de l'aide à l'embauche sur les contrats pro
L'instauration d'un reste à charge sur certains niveaux
La suppression de l'aide au permis
Des révisions annoncées du financement de l'apprentissage
L'apprentissage encore solide, mais montrant des signes de faiblesse
Dans le secondaire, l'apprentissage a plus que doublé depuis la réforme de 2018 (+ 48,7 %), mais la progression ralentit. Fin 2024, les entrées n'ont augmenté que de 3,2 %, contre 14 % en 2022 et 39 % en 2021.
Le tableau de bord distingue deux réalités :
Dans le secondaire, l'apprentissage représente désormais 14,8 % des lycéens, une hausse remarquable, absorbant l'intégralité de la croissance démographique des effectifs lycéens entre 2017-18 et 2024-25.
Dans le supérieur, les apprentis représentent 21,5 % des effectifs en 2024-25, en hausse depuis 4,5 % en 2009-10. Cependant, cette croissance connaît un ralentissement : les effectifs ont progressé de seulement 1,2 % entre 2023 et 2024, contre 14 % l'année précédente.
Les contrats de professionnalisation : l'effondrement
Le diagnostic est sans appel pour les contrats de professionnalisation : l'année 2024 a enregistré un effondrement historique, avec 88 000 entrées seulement, le plus bas depuis 20 ans (baisse de -24 % sur un an).
Depuis 2019, les entrées ont chuté de :
-58,8 % dans les services
-57,3 % dans l'industrie
-54,5 % dans la construction
En août 2025, la tendance ne s'améliore pas : -7 % par rapport à la même période l'année précédente.
L'apprentissage : un véritable tremplin social
Pour autant, le rapport souligne que l'apprentissage a fait ses preuves en matière d'insertion et d'égalité des chances. Six mois après leur sortie en 2023, 66 % des apprentis CAP-BTS sont en emploi, contre 45 % pour les lycéens professionnels. À trois ans, 80 % des apprentis sont en emploi contre 69 % pour les scolarisés.
L'alternance est particulièrement efficace comme escalier social. Les jeunes issus de quartiers prioritaires en alternance réussissent mieux que leurs homologues en voie scolaire et rattrapent leurs pairs issus de milieux plus favorisés. Plus frappant encore : après trois ans, les écarts d'insertion et de rémunération entre origines sociales s'estompent, voire disparaissent.
Concernant la rémunération, les apprentis touchent en moyenne un salaire supérieur de 105 euros par mois à trois ans par rapport aux sortants de voie scolaire. Cette progression salariale continue : +21 % entre 3 et 7 ans pour les apprentis contre +15 % pour les scolarisés.
Les entreprises se rétractent
La part des apprentis dans la main-d'œuvre salariée du secteur privé en 2024 est de 4,97 % (vs 3,23 % en 2020), mais la tendance fléchit. L'apprentissage reste privilégié dans les TPE-PME, avec 44,5 % des apprentis travaillant dans des entreprises de moins de 50 salariés.
Les nouveaux secteurs qui émergeaient—bureaux d'études, banques, écoles de commerce—connaissent un ralentissement. Les mutations de la prime à l'embauche et les restes à charge pour les formations de niveau 6 et au-delà freinent les ardeurs des employeurs.
2026 : des défis majeurs à relever
Face à ces enjeux, le Tableau de bord soulève des questions existentielles sur l'alternance en France. Le rapport conclut en demandant : "Et si on se trompait ?" en rappelant que se passer de cette voie dans le contexte démographique, numérique et écologique actuel serait un "sérieux coup de frein à l'emploi des jeunes et à la construction des compétences de demain".
Les défis à venir demandent une stabilisation des règles, une clarification budgétaire et une refonte des politiques d'aide pour préserver cet atout stratégique pour la France.
Politique et Economie
Verkor : la gigafactory de batteries entre officiellement en phase d’apprentissage
La gigafactory de batteries Verkor vient d’entrer dans une étape clé : le démarrage de sa phase d’apprentissage industrielle. Lors de l’inauguration, le PDG Benoît Lemaignan a rappelé que cette montée en puissance représente une transition déterminante entre R&D et production à grande échelle.
Les premières lignes de production sont désormais installées et testées. Il faudra encore plusieurs mois pour atteindre le rythme industriel visé, mais cette phase est essentielle pour sécuriser les process, former les équipes et fiabiliser la qualité. À terme, près de 600 emplois seront mobilisés sur le site.
Les ministres présents ont souligné l’importance stratégique de cette filière pour la souveraineté européenne en matière de batteries, un enjeu majeur alors que la transition écologique accélère la demande. Aux côtés de Verkor, d'autres acteurs de la région franchissent aussi ces étapes d’industrialisation décisives.
Une avancée forte pour la Vallée de la batterie et pour tout l’écosystème industriel des Hauts-de-France.
La BCE intègre le risque géopolitique dans sa supervision bancaire
Face à une multiplication de crises géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient, tensions sino-américaines…), la Banque centrale européenne renforce sa vigilance. Elle demande désormais à 110 grandes banques de la zone euro d’identifier les événements géopolitiques susceptibles d’affaiblir leur solidité financière — jusqu’à 300 points de base de pertes potentielles sur leurs ratios de fonds propres.
Cette nouvelle évaluation devra mesurer l’impact des risques sur les portefeuilles de crédit, la liquidité, le marché et plus largement sur le modèle économique des établissements. L’objectif affiché : accroître leur capacité de gestion de crise, concevoir des plans de fonds propres adaptés et garantir des pratiques prudentes dans un contexte d’incertitude mondiale.
Les premiers résultats de cet exercice seront publiés à l’été 2026