Revue de presse – Semaine du 15 avril 2025
Entre investissements massifs, innovations technologiques et mouvements sociaux, l’actualité économique régionale est en pleine effervescence. L’industrie picarde bouge, s’adapte, se transforme. De la transition énergétique à l’attractivité des métiers, en passant par la relocalisation de production et les luttes salariales, cette semaine offre un panorama riche et contrasté des enjeux qui façonnent notre territoire.


ACTUALITES ECONOMIQUES DU TERRITOIRE
DU 12/04/2025 AU 18/04/2025
ACTUALITES
UNILEVER investit 14M€ dans le dentifrice
Unilever prévoit une réorganisation majeure de son site industriel du Meux, situé près de Compiègne, en misant sur l’hygiène dentaire au détriment de la production de shampoings. Le groupe anglo-néerlandais va investir 14 millions d’euros sur cinq ans pour moderniser ses lignes de production et renforcer sa marque Signal, positionnée sur le marché concurrentiel du dentifrice. Cette décision s'accompagne d’un arrêt progressif de la fabrication de shampoings, en déclin depuis plusieurs années, et désormais réduite à 10 % de l'activité du site. Ce retrait vise à libérer des ressources et de l’espace pour soutenir le développement de la gamme dentaire. Le plan comprend également le rapatriement de la production de 15 millions de tubes de dentifrice, actuellement sous-traitée en Europe de l’Est, notamment en Bulgarie via la société Rubella. Ce transfert s’accompagnera d’une automatisation accrue de l’usine, qui emploie aujourd’hui environ 255 personnes. Unilever assure qu’aucun licenciement n’est prévu. Toutefois, la réduction des effectifs se fera par le non-remplacement d’environ 50 départs à la retraite sur cinq ans, et 20 autres départs volontaires sont espérés. La direction affirme vouloir accompagner les salariés à travers des formations, le développement des compétences, et des dispositifs de transition professionnelle. Du côté syndical, la CGT exprime de fortes inquiétudes quant à la baisse continue des effectifs. David Bongard, secrétaire CGT du CSE, critique une stratégie qui vise avant tout à améliorer la rentabilité du groupe au détriment des conditions de travail et de l’avenir des salariés. Il redoute que l’automatisation ne puisse compenser toutes les tâches humaines et dénonce une pression croissante sur les équipes restantes. Pour lui, derrière les investissements annoncés, se cache une volonté de réduire la masse salariale sans réelle considération pour l’ergonomie ou la charge de travail. En parallèle, d'autres voix syndicales, comme celle de Pascal Carcel de FO, adoptent une posture plus mesurée. Selon lui, l’abandon du shampoing n’est pas une surprise au vu de la baisse des volumes, et l’unité du Meux, unique site Unilever en Europe pour les produits dentaires, dispose du savoir-faire et de la réactivité nécessaire pour relever ce défi. Il souligne l’absence de départs contraints et l’opportunité pour les salariés de se repositionner, tout en reconnaissant l’importance des investissements dans un contexte industriel tendu. Cette réorganisation reflète les choix stratégiques d’Unilever pour se recentrer sur ses activités les plus porteuses, tout en suscitant des débats sur la manière de concilier compétitivité et conditions sociales. (Article du 12/04/2025 – Courier Picard)
MORET INDUSTRIES participe à la décarbonisation de ses clients
Le groupe Moret Industries, basé à Charmes dans l’Aisne, investit sept millions d’euros d’ici 2029 pour moderniser ses équipements industriels. Spécialisé dans la fabrication de machines pour les secteurs de l’agroalimentaire, des énergies et de la défense, le groupe familial, fondé en 1867, ambitionne d’améliorer l’efficacité énergétique de ses systèmes et d’y intégrer l’intelligence artificielle (IA) afin d’accompagner ses clients dans la décarbonation de leurs processus. Avec 800 salariés dans le monde et un chiffre d’affaires de 170 millions d’euros en 2023, Moret Industries regroupe six marques sur sept sites de production européens. Parmi eux, Promill (Dreux), Maguin (Charmes et Chelmaz en Pologne), Vettertec (Kassel, Allemagne), De Smet E&C (Louvain-la-Neuve, Belgique), et Fapmo (Outreau), qui a récemment acquis EN Moteurs (Couëron, Loire-Atlantique). Le groupe est également présent à l’international, notamment en Amérique, en Inde, en Asie et au Moyen-Orient. Cet investissement de sept millions d’euros est soutenu par la région Hauts-de-France (2 millions) et l’État (1,5 million). L’objectif est de proposer des équipements plus sobres en énergie et d’optimiser leur fonctionnement grâce à l’IA. Olivier Dambricourt, directeur général, explique que l’IA pourra, par exemple, anticiper les pannes ou s’adapter aux conditions météorologiques, particulièrement utile pour les industries saisonnières comme celle du sucre. Un exemple marquant de cette stratégie est le développement d’une technologie innovante par la marque Maguin à Charmes, qui permet d’extraire le sucre de la betterave à l’aide de champs électriques pulsés. Contrairement à la méthode traditionnelle qui écrase la pulpe, cette technique, appelée électroporation, fragilise les cellules pour en extraire le jus tout en consommant jusqu’à 25 % d’énergie en moins. Actuellement testée chez un premier client, cette solution pourrait être commercialisée plus largement dans les années à venir. Le renforcement du capital de l’entreprise fin 2024, via l’entrée du fonds d’investissement Ocean Peak Capital et de membres des familles fondatrices, vise à soutenir cette dynamique de transformation technologique et écologique. (Article du 14/04/2025 – Courrier Picard)
L'UIMM soigne l'attractivité des métiers de la métallurgie
En 2024, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Picardie a concentré ses efforts sur l’amélioration de l’attractivité des métiers de la métallurgie. Thierry Baschet, président de l’UIMM Picardie, souligne l’importance de cette mission, notamment pour un secteur régional regroupant 320 entreprises et 26 000 salariés. Composé majoritairement de PME (dont deux tiers de moins de 50 salariés), le tissu industriel picard est réparti entre l’Oise, l’Aisne et la Somme, et inclut des entreprises emblématiques comme Yamaha, Le Creuset ou Airbus. L’UIMM Picardie s’appuie sur trois antennes (Saint-Quentin, Amiens et Fitz-James) et une vingtaine de collaborateurs. Elle offre un accompagnement aux entreprises dans des domaines variés : juridique, RH, santé-sécurité, environnement, emploi, compétences et développement économique. Malgré un ralentissement de l’activité, aucune vague massive de licenciements n’est à signaler, bien que les entreprises s’interrogent sur leurs marges de manœuvre. Pour séduire les jeunes et lutter contre la désaffection envers les métiers industriels, l’UIMM a innové via le projet Forindustrie. Ce monde virtuel aux allures de jeu vidéo permet aux jeunes de découvrir, à travers des vidéos immersives, les métiers de la métallurgie. L’initiative, qui a réuni 12 000 participants et mobilisé une vingtaine d’entreprises, sera reconduite avec une participation encore plus large. L’organisation a aussi participé à Viva Fabrica !, événement majeur à Lille, qui a rassemblé 25 000 visiteurs, dont 15 000 scolaires. L’objectif était de dépoussiérer l’image de l’industrie, souvent perçue à tort comme vieillotte ou réservée aux hommes. Thierry Baschet rappelle que les entreprises sont aujourd’hui propres, modernes, et proposent des salaires 20 % supérieurs à la moyenne nationale. Le camion digital La Fabrique 4.0 poursuit également sa tournée régionale : il a déjà accueilli 35 000 visiteurs depuis 2022. En parallèle, l’UIMM suit de près les évolutions réglementaires, notamment la directive européenne CSRD sur la transparence ESG. Thierry Baschet regrette que la France, en voulant être exemplaire, impose des contraintes supplémentaires à ses industriels, déjà confrontés à une forte pression fiscale. Enfin, les réductions de budget formation constatées par Proméo, centre de formation de l’UIMM, témoignent d’un climat économique incertain pour les industriels. (Article du 14/04/2025 – Picardie La Gazette)
Roquette : une nouvelle ligne d'engrais biosourcés
L’usine Roquette de Vecquemont, dernière féculerie de France, a inauguré une nouvelle ligne de production dédiée à deux fertilisants naturels issus de la pomme de terre. Cette innovation soutient une agriculture durable tout en dynamisant la filière féculière. Forte de 125 employés et 95 saisonniers, l’usine transforme jusqu’à 600 000 tonnes de pommes de terre par campagne. Roquette, leader mondial des ingrédients végétaux, a investi 4,5 millions d’euros pour développer ces produits biosourcés, riches en nutriments. Ce projet renforce la résilience agricole locale et offre de nouveaux débouchés à 700 agriculteurs partenaires de la coopérative régionale. Créés en 2021, les fertilisants solubles Solulys ont connu une montée en puissance : 100 tonnes produites en 2022, 400 en 2023, puis 800 vendues sur 2023/2024. Une nouvelle ligne livrée à Vecquemont en octobre 2024 vise désormais une production annuelle de 10 000 tonnes. (Article du 14/04/2025 – Picardie La Gazette)
SAINT-GOBAIN ISOVER passe à l’hydrogène
Le Centre de Recherche et de l’Isolation de Rantigny (CRIR), appartenant au groupe Saint-Gobain Isover, a récemment été récompensé par une subvention de 760 000 euros dans le cadre de l’appel à projets « Brique technologique hydrogène », piloté par l’Ademe. Ce financement s’inscrit dans le cadre du plan national France 2030, doté de 54 milliards d’euros, dont 7,3 milliards sont gérés par l’Ademe, pour encourager l’innovation et la transition énergétique. Le projet primé, baptisé HyVER, a pour ambition de remplacer le gaz naturel par de l’hydrogène dans la fabrication des matériaux isolants à base de laines minérales, contribuant ainsi à la décarbonation de l’industrie. Lancé en 2024, le projet HyVER a franchi plusieurs étapes. Le prototype de l’installation, conçu par la société Seva (filiale de Saint-Gobain à Chalon-sur-Saône), a été testé une première fois sur le site de Rantigny entre septembre et décembre 2024. La prochaine phase, prévue le 30 mai 2025, consistera à tester ce prototype en environnement réel simulé sur le site même. D’autres essais sont programmés à Chalon d’ici la fin 2025. L’objectif est de rendre cette technologie opérationnelle d’ici 2030, en fonction notamment de la disponibilité et du coût de l’hydrogène vert à l’échelle industrielle. Le projet bénéficie d’un financement global de plus de 2,7 millions d’euros, dont 75 % sont pris en charge par Saint-Gobain, soit plus de 2 millions d’euros. La subvention de l’État couvre environ un quart des coûts, incluant notamment les équipements de test et le travail de la trentaine de chercheurs mobilisés sur plusieurs milliers d’heures. Ce soutien s’inscrit dans la volonté de l’État de faire émerger des technologies de rupture pour assurer la souveraineté énergétique de la France et réduire sa dépendance au gaz naturel étranger. France 2030, lancé par Emmanuel Macron en 2021, vise à hisser la France parmi les leaders mondiaux de l’hydrogène vert d’ici 2030. Dans ce cadre, la moitié des 54 milliards d’euros sont dédiés à la transition écologique. Dans le département de l’Oise, 57 entreprises ont bénéficié de cette initiative, à travers 80 projets pour un total de 107 millions d’euros. Le projet HyVER du CRIR illustre parfaitement les objectifs du plan : innovation, décarbonation, souveraineté énergétique et transition industrielle. Il pourrait représenter une avancée significative pour rendre la production industrielle française plus respectueuse de l’environnement. (Article du 16/04/2025 – Courrier Picard)
EMPLOI
Les grévistes de FALSIMAGNE obtiennent gain de cause
Après sept jours de blocage, la fonderie Falsimagne, à la limite d’Ault et Woignarue, dans le quartier d’Onival, est de nouveau opérationnelle. La majorité des 36 salariés était en grève depuis le lundi 31 mars mais ils ont repris le travail mercredi 9 avril, ayant obtenu gain de cause. La veille, mardi 8 avril, le directeur du site avait reçu leurs représentants et accepté une partie de leurs revendications. « Nous aurons cinquante centimes d’euro nets de l’heure en plus », annonce l’un d’eux. Soit une augmentation d’environ 90 euros pour un salaire autour de 1 600 euros. « Nous aurons aussi une prime de 1 000 euros à la fin du mois. » Le dirigeant se serait également engagé à améliorer les conditions de travail en aménageant de véritables vestiaires dans l’usine, avec des douches et des placards, d’ici la fin de l’année. « Notre mouvement a porté ses fruits », se félicite ce gréviste. Qui confie : « Il était obligé de lâcher du lest, les clients appelaient les uns après les autres, plus aucune pièce ne sortait de l’usine. » En revanche, les jours de grève ne seront pas payés. Mais les salariés ont pu compter durant cette période sur la solidarité des commerçants d’Ault et de la mairie, qui leur ont notamment donné des colis alimentaires. Ils ont été aussi soutenus par l’Union locale de la CGT du Vimeu et la section PCF Saint-Valery/Vimeu. (Article du 12/04/2025 – Courrier Picard)
Ces entreprises du BTP recrutent en CDI et en alternance
Dans les Hauts-de-France, alors que plus de 30 000 personnes cherchent un emploi dans le secteur du BTP, certaines entreprises recrutent activement. C’est le cas de Bouygues Bâtiment Nord-Est, basée à Marcq-en-Barœul, qui propose une trentaine de postes en CDI et alternance pour 2025. L’entreprise cherche des menuisiers, finisseurs, coffreurs-brancheurs ainsi que du personnel pour le second œuvre, même sans diplôme ou expérience, en misant sur la polyvalence et la formation interne. Elle recherche aussi du personnel d’encadrement, notamment des diplômés de bac+3 à bac+5 et des professionnels expérimentés. Trente-six offres en alternance sont disponibles dans divers métiers (travaux, commerce, communication, finances…). Le processus de recrutement est rapide, avec une réponse en une semaine en moyenne. De son côté, Cathelain, implantée à Hermies, recrute également en CDI et alternance pour des métiers du gros œuvre, du génie civil ou encore de la couverture. Les postes nécessitent généralement un CAP minimum ou un diplôme supérieur selon les fonctions. (Article du 14/04/2025 – Courrier Picard)
Le marché de l’emploi des cadres à la baisse
Selon l’Apec, le marché de l’emploi des cadres a chuté en 2024, avec 303 400 recrutements, soit une baisse de 8 % par rapport à 2023. Cette baisse résulte d’un recul des investissements des entreprises, touchant particulièrement les services à forte valeur ajoutée, l’informatique (-18 %), l’industrie et le commerce. Les jeunes diplômés sont les plus impactés (-19 %). En 2025, la tendance devrait se poursuivre avec 292 600 recrutements attendus (-4 %). Dans les Hauts-de-France, les recrutements ont chuté de 10 % en 2024 et devraient encore baisser de 6 % en 2025, atteignant 17 010 embauches prévues. (Article du 14/04/2025 – Courrier Picard)
Un projet de data center, des emplois espérés
Le projet de data center à Rantigny (Oise) se précise, avec une implantation prévue sur l’ancien site industriel d’Avon, une friche privée de 11 hectares appartenant à Mustapha Khérief. Si l’idée était initialement de confier l’hébergement exclusivement à Microsoft, l’orientation actuelle vise à diversifier les acteurs, avec la construction de six îlots indépendants. Malgré cette avancée, les élus locaux, comme le président de la communauté de communes du Liancourtois – La Vallée Dorée (CCLVD), Olivier Ferreira, et le maire de Rantigny, Dominique Delion, restent prudents, rappelant qu’aucun permis de construire n’est encore validé, et que de nombreux aléas peuvent encore survenir. Le projet, suivi par la sous-préfecture de Compiègne, s’inscrit dans une stratégie d’intérêt national. Il devrait à terme s’étendre sur 40 hectares, bien au-delà des 11 ha initiaux. Pour compléter le foncier nécessaire, une procédure de déclaration d’utilité publique sera engagée. Ce centre de données nécessitera une puissance électrique colossale : 150 MW d’ici 2028 pour la première phase, et jusqu’à 300 MW à terme, via une ligne RTE dédiée. Au-delà des infrastructures, l’impact économique du projet est notable. Environ 500 emplois seraient induits, essentiellement dans la maintenance, bien que tous ne soient pas présents sur site en permanence. Les services associés (entreprises sous-traitantes, prestataires) auront également besoin de locaux à proximité, impliquant un aménagement élargi du territoire. Le projet suscite aussi une réflexion sur la valorisation énergétique. Un tiers de l’énergie consommée sera rejetée, posant la question de sa récupération ou de l’installation d’activités compatibles. Il ouvre ainsi la voie à un redéploiement économique local, avec notamment la possible relance de l’entrée de ville de Laigneville et du site Vallourec. Une étude est aussi en cours sur le site de Saint-Gobain afin d’en conserver le contrôle public. En somme, ce data center représente un levier de transformation majeur pour le territoire, bien qu'encore à l’état d’avant-projet. (Article du 17/04/2025 – Courrier Picard)
L’AFPA ouvre l’insertion au grand public
L’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) d’Amiens organise, le mardi 22 avril, son tout premier Village des solutions, un événement ouvert au grand public. Cette initiative, récemment labellisée au niveau national, vise à renforcer l’insertion professionnelle, en particulier pour les personnes éloignées de l’emploi, souvent bénéficiaires du RSA. Le Village des solutions se tiendra sur le site AFPA de la zone industrielle Nord et réunira de nombreux partenaires institutionnels et privés, tels que la Caisse primaire d’assurance maladie, Amiens Métropole, le CIDFF ou encore Synapse. L’objectif est de proposer un accompagnement global en s’appuyant sur les compétences de chaque organisme partenaire, afin de lutter contre la précarité de manière coordonnée. La directrice de l’antenne amiénoise, Émilie Godefroy, insiste sur l’importance du travail en réseau, qui permet d’adapter l’accompagnement à chaque individu, selon son parcours, ses compétences et ses besoins. Les services proposés vont de la préparation à l’entrée en formation à la remobilisation personnelle, avec un soutien pédagogique à la fois individuel et collectif. Sans nécessité de rendez-vous, les visiteurs pourront rencontrer divers spécialistes présents sur place : santé, mobilité, parentalité, logement, médiation numérique, etc. L’événement ambitionne de devenir un point de rencontre accessible et utile à toute personne en recherche d’orientation, de reconversion ou de solutions concrètes pour sortir de la précarité. Il s’agit pour l’AFPA de se rapprocher davantage des publics qu’elle accompagne tout au long de l’année. (Article du 17/04/2025 – Courrier Picard)
CHIFFRES DE LA SEMAINE
En 2024, la région des Hauts-de-France a connu une forte hausse des pertes d’emploi parmi les chefs d’entreprise, atteignant un niveau inédit depuis 2015. Selon les données de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, réalisé par l’association GSC et la société Altares, 4 645 dirigeants ont perdu leur activité professionnelle cette année, soit une hausse de 14,5 % par rapport à 2023. Cela représente près de 13 chefs d’entreprise par jour confrontés au chômage. Les secteurs les plus touchés sont la construction, le commerce, ainsi que l’hébergement, la restauration et les débits de boissons. Ce sont principalement les très petites entreprises (TPE) de moins de 3 salariés qui sont les plus exposées aux difficultés économiques. Le profil type de ces entrepreneurs est âgé en moyenne de 45,8 ans, un chiffre qui traduit l’impact sur des professionnels expérimentés. Géographiquement, le département du Nord concentre la majorité des cas, avec 2 313 pertes d’emploi, en augmentation de 9,8 %. Le Pas-de-Calais suit avec 1 011 chefs d’entreprise concernés. Les départements de l’ancienne Picardie enregistrent les hausses les plus marquées : +34,8 % dans l’Oise, +27,1 % dans l’Aisne et +24 % dans la Somme. Ces chiffres dépassent largement la moyenne nationale. Certains secteurs connaissent une explosion des pertes d’emploi. L’agriculture est le plus sinistré avec une augmentation de 96,7 %, suivie par le transport et la logistique, qui enregistre une hausse de 65,7 %. La construction régionale, déjà fragilisée, connaît également une hausse significative de 24,2 %. Ces données soulignent la fragilité croissante des entrepreneurs face à un contexte économique incertain, marqué par l’inflation, la baisse de la demande dans certains secteurs et les difficultés structurelles propres à la région. Ce bilan alarmant met en lumière les défis auxquels font face les dirigeants de petites structures dans les Hauts-de-France et souligne la nécessité d’un accompagnement renforcé pour éviter l’hémorragie entrepreneuriale. 5Article du 14/04/2025 – Courrier Picard)