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Toutes les Actualités Emploi-Formation - semaine 43
Point Emploi
Suspension de la réforme des retraites : ce que les DRH doivent savoir
La suspension de la réforme des retraites jusqu'en janvier 2028 crée une instabilité majeure pour les directions RH. Annoncée le 14 octobre 2025, cette mesure gèle l'augmentation de l'âge de départ à 62 ans et 9 mois et maintient le nombre de trimestres à 170. Elle bénéficiera à environ 3,5 millions de Français mais coûtera 400 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027.
L'urgence du recalibrage
Les dispositifs de fin de carrière—retraite progressive, cessation anticipée, temps partiel seniors—avaient été calibrés sur les paramètres de la réforme de 2023. Cette suspension force les DRH à recalculer, renégocier et réexpliquer ces accords, souvent dans l'urgence. Les collaborateurs bénéficiant d'accords seniors font face à une durée d'application réduite de leurs dispositifs négociés et à un risque de sortie anticipée non prévue.
Financer la suspension : à quel prix ?
Le gouvernement propose de compenser ce coût par des mesures impopulaires : gel des pensions de retraite en 2026 et sous-indexation en 2027 (0,9 point sous l'inflation). Les complémentaires santé seront aussi mises à contribution, ce qui aura des effets directs sur les contrats des salariés et retraités.
Pour les DRH : agir dès maintenant
- Auditer rapidement les accords seniors en cours pour identifier les impacts légaux.
- Communiquer avec transparence auprès des collaborateurs sur le contexte politique et les droits maintenus.
- Renégocier les accords collectifs en dialogue étroit avec les partenaires sociaux.
- Proposer un accompagnement individualisé : bilans de compétences, conseil en retraite, temps partiel progressif.
- Anticiper les départs : certains collaborateurs pourraient partir plus tôt, d'autres rester plus longtemps selon la clarté offerte.
La retraite progressive, accessible à partir de 60 ans depuis septembre 2025 avec un travail entre 40% et 80% d'un temps plein, demeure un outil clé pour aménager les fins de carrière. Mais sans visibilité législative, l'anxiété des seniors s'amplifie : selon les études récentes, 50% des seniors rapportent des relations de travail dévalorisantes, aggravées par cette incertitude nouvelle.
Un désaccord majeur sur le budget 2026 de France Travail
Le projet de loi de finances 2026 prévoit une réduction drastique des effectifs de France Travail : une baisse de 515 équivalents temps plein (ETP) ramenant le plafond d'emploi à 48 632 ETPT en 2026. Cette décision budgétaire, annoncée par le gouvernement Lecornu II le 14 octobre 2025, crée une friction majeure entre l'exécutif et les organisations syndicales qui dénoncent unanimement cette orientation.
Une contradiction stratégique problématique
Le timing de cette annonce soulève des questions importantes. La baisse budgétaire intervient en pleine mise en œuvre de la loi « Pour le plein-emploi » du 18 décembre 2023, qui élargit considérablement le périmètre de missions de l'opérateur public. Cette loi impose notamment l'inscription de tous les demandeurs d'emploi, y compris les allocataires du RSA et les jeunes suivis par les missions locales, ainsi qu'un accompagnement renforcé avec un objectif de 15 à 20 heures d'activités par semaine.
« Des moyens en baisse, des besoins en hausse », résume Force ouvrière, pointant l'incohérence d'ajouter des missions tout en réduisant les ressources humaines.
L'alerte des syndicats sur les conditions de travail
Les trois grandes organisations syndicales — CGT, FO et FSU Emploi — adressent des signaux d'alerte majeurs. La FSU Emploi décrit des « personnels de France Travail déjà au bord de la crise de nerfs ». Le syndicat rapporte que depuis l'application de la loi plein-emploi, « les conditions de travail, déjà très difficiles, ne font que se dégrader » avec une charge de travail qui « explose » et des « injonctions contradictoires venant des différentes hiérarchies ».
Pour la CGT, ces évolutions engendrent une « détérioration des conditions de travail, une perte de sens au travail et des conflits de valeurs ». L'organisation souligne que les missions historiques d'accompagnement des demandeurs d'emploi se réduisent au profit d'un « traitement de masse » et d'une « orientation de plus en plus systématique vers les opérateurs privés de placement ».
Impact attendu sur les services publics de l'emploi
Les conséquences pour les bénéficiaires des services ne sont pas négligeables. Force ouvrière anticipe une « diminution du suivi individuel, voire sa disparition pour certains publics, des délais allongés dans les accompagnements intensifs et une offre de formation restreinte ». Ces réductions auront des répercussions directes sur l'accès aux services pour les demandeurs d'emploi.
Un contexte budgétaire plus large
Cette baisse d'effectifs s'inscrit dans une réduction budgétaire plus vaste du ministère du Travail, désormais confié à Jean-Pierre Farandou. Le ministère subit une baisse d'environ 2,5 milliards d'euros par rapport à la loi de finances initiale de 2025, elle-même suivie d'une diminution d'environ 4 milliards d'euros enregistrée entre 2024 et 2025. L'ensemble des acteurs du service public de l'emploi et de l'insertion voyent ainsi leurs crédits réduire dans un contexte de hausse du chômage et de précarisation accrue du salariat.
Rappel : une tentative similaire en 2025
Ce scénario n'est pas nouveau. En 2025, la première version du PLF avait déjà prévu la suppression de 500 ETP, provoquant une mobilisation syndicale massive avec une grève rassemblant plus d'un agent sur cinq. Le directeur général de France Travail avait critiqué cette mesure, la jugeant « discutable de jouer sur les ETP ». Cette baisse n'avait finalement pas été retenue par le gouvernement de l'époque, montrant que le dossier reste hautement sensible.
Repli des embauches au troisième trimestre 2025 : entre recul des CDD et record de CDI
Au troisième trimestre 2025, le marché de l’emploi français connaît une inflexion notable après plusieurs mois de croissance. Les dernières données publiées par l’Urssaf le 22 octobre indiquent une baisse de 0,8% des déclarations d’embauche de plus d’un mois hors intérim, marquant une rupture après deux trimestres consécutifs de hausse (+1,8% au deuxième trimestre et +0,3% au premier).
Plus précisément, ce sont plus de 2,32 millions de déclarations d’embauche de plus d’un mois qui ont été enregistrées sur cette période. Ce volume reste supérieur de 6,7% au dernier trimestre 2019, avant le choc de la crise Covid, mais il s’affiche en recul de 1,0% par rapport à l’an dernier.
Ce repli s’explique principalement par une forte diminution des embauches en CDD de plus d’un mois, amorcée depuis un an. Le troisième trimestre 2025 enregistre ainsi une baisse de 3,1% des déclarations en CDD, un recul accentué par rapport au trimestre précédent (-0,8%). Sur un an, les CDD de plus d’un mois affichent une contraction de 7,3%.
En revanche, les embauches en CDI poursuivent leur progression, bien que de façon moins dynamique qu’au trimestre précédent (+1,2% contre +4,2%). Fait marquant : la part des CDI dans les contrats de plus d’un mois atteint désormais 53,5%, son niveau le plus élevé jamais observé. Sur un an, les déclarations d’embauche en CDI progressent de 5,3%, confirmant une tendance de fond vers la stabilisation de l’emploi.
Ce mouvement de balancier entre la baisse des CDD et la montée en puissance des CDI marque une transformation de la dynamique du marché du travail, reflétant une volonté accrue de sécurisation des embauches dans un contexte économique encore marqué par l’incertitude.
Formation - Education
Financement de l'apprentissage : la bataille des CFA indépendants contre les distorsions de concurrence
Le financement des centres de formation d'apprentis (CFA) cristallise aujourd'hui une controverse majeure qui oppose structures indépendantes et grands groupes intégrés. Thierry Pellegrin, président de l'association Scholis regroupant une soixantaine d'écoles d'enseignement supérieur indépendantes, dénonce une distorsion de concurrence créée par le système actuel de fixation des niveaux de prise en charge (NPEC) des contrats d'apprentissage.
Une disparité de financement qui interpelle
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : pour des certifications de niveau 6 (Bac+3) équivalentes dans le commerce et la vente (code NSF 312), les NPEC oscillent entre 5 300 € et 9 400 €, soit un écart pouvant atteindre près du double. Cette situation pénalise directement les organismes indépendants comme Scholis, dont le NPEC s'établit à 5 500 €, tandis que les structures appartenant à de grands groupes intégrés tels qu'Eduservices ou Omnes Education bénéficient de financements nettement supérieurs.
Selon Thierry Pellegrin, cette disparité s'explique par la présentation de coûts de revient "artificiellement gonflés" par certains organismes. Les groupes intégrés, chapeautés par des holdings financées par des fonds d'investissement étrangers, facturent d'importants frais de gestion pour rembourser leurs investissements, augmentant mécaniquement leur structure de coûts.
Un contexte économique qui aggrave la situation
La problématique s'inscrit dans un environnement devenu défavorable aux structures indépendantes. Si la réforme de 2018 et les primes Covid avaient créé un "appel d'air" favorable à l'apprentissage, le contexte s'est inversé : diminution du nombre de candidats, multiplication des concurrents, révision à la baisse des NPEC, et hausse des charges et salaires.
À cela s'ajoute la participation forfaitaire obligatoire des employeurs de 750 euros pour les niveaux 6 et 7, qui pèse proportionnellement davantage sur les NPEC les plus bas. Cette combinaison de facteurs compromet l'équilibre financier des organismes indépendants qui, performants en 2020, peinent désormais à maintenir leur compétitivité en 2025.
Une mobilisation pour faire évoluer la réglementation
Face à cette situation, l'association Scholis a entrepris une démarche offensive. Après avoir alerté les services de l'État en 2024, elle a fait adresser par son avocat, le 15 avril 2025, un courrier au Premier ministre et à la ministre du Travail demandant l'abrogation du deuxième volet de l'article D.6332-78 du code du travail.
La proposition de Scholis consiste à instaurer des NPEC déterminés "de manière objective et homogène en fonction de la spécialité de formation (code NSF) et du niveau de certification", plutôt que sur la base de critères individuels prenant en compte les charges de gestion de chaque organisme.
Cette mobilisation a été relayée par la députée de Savoie Marina Ferrari (Les Démocrates), qui a adressé deux requêtes similaires aux autorités gouvernementales en juillet dernier.
Des perspectives de réforme encourageantes mais incertaines
Le gouvernement a réagi en annonçant pour la rentrée 2026 une réforme d'ampleur du financement de l'apprentissage, incluant notamment la mise en place de "bouquets de certifications" destinés à rationaliser les NPEC en rapprochant les financements pour les certifications préparant à un même métier.
Cette approche, qui impliquerait un regroupement en dix catégories multipliées par cinq niveaux (soit 50 groupes au lieu de milliers de certifications actuellement), va selon Thierry Pellegrin "dans le bon sens". Elle permettrait d'établir une analyse "inter-certifications" plutôt qu'"intra-certifications", harmonisant ainsi les financements pour des formations comparables.
Des enjeux financiers considérables
Au-delà de l'équité entre organismes, les enjeux économiques sont massifs. Selon Thierry Pellegrin, l'instauration d'un NPEC intermédiaire de référence (autour de 7 000 € à 7 500 €) pour des certifications comparables permettrait à l'État de réaliser "des économies substantielles", avec "des centaines de millions d'euros en jeu", tout en maintenant un équilibre concurrentiel sain.
Cette réforme permettrait également d'éviter que certains organismes ne renoncent à travailler avec des certifications insuffisamment financées, situation que Thierry Pellegrin qualifie d'"absurde". Elle mettrait fin au phénomène où des groupes appartenant à des fonds étrangers imposent le choix des certifications les plus valorisées pour rembourser leurs investisseurs, au détriment de la diversité de l'offre de formation.
Mobilité des étudiants : la région Hauts-de-France garde (presque) ses jeunes talents
Selon une enquête de l’INSEE sur les trajectoires de 40 900 néobacheliers, près de 60 % des jeunes des Hauts-de-France restent étudier dans leur zone d’emploi après le bac – un taux supérieur à la moyenne nationale.
Lille et Amiens concentrent l’essentiel des formations et attirent le plus grand nombre d’étudiants, notamment ceux du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme. Lille s’affirme comme le principal pôle d’attraction académique de la région.
Ce qu’il faut retenir
- Les transports interrégionaux restent un frein : les étudiants préfèrent des formations proches de chez eux.
- Les bacheliers généraux sont plus mobiles que les bacheliers technologiques ou professionnels.
- Les mentions au bac influencent la mobilité : les élèves avec mention TB partent davantage.
- Les zones périphériques (Maubeuge, Douai, Béthune) envoient beaucoup de jeunes vers Lille ou Amiens.
- Les BTS et formations sanitaires/sociales sont particulièrement bien implantés dans la région, limitant les départs.
En résumé
La mobilité étudiante dans les Hauts-de-France reste modérée mais choisie : les jeunes privilégient la proximité et la qualité de l’offre locale. Un atout fort pour le territoire… et un levier à valoriser dans les politiques d’attractivité et d’alternance !