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Toutes les Actualités Emploi-Formation - semaine 39

Point Emploi
Le Medef Organise un "Énorme Meeting" Patronal Face aux "Théories Dangereuses"
Patrick Martin, président du Medef, a annoncé le 23 septembre l'organisation "dans quelques jours" d'un "énorme meeting" rassemblant toutes les organisations patronales. Cette mobilisation vise à répondre aux critiques et à défendre l'image des entreprises face à ce qu'il qualifie de "théories dangereuses".
Contexte : La Taxe Zucman dans le Viseur
Cette annonce fait directement écho à la proposition de taxe Zucman, qui consisterait à imposer à 2% minimum par an le patrimoine (y compris professionnel) des 1 800 Français les plus riches. Patrick Martin dénonce cette mesure avec ironie : "Moi, je ne sais pas danser la Zucmania, et je n'ai pas l'intention de m'y adonner".
Le président du Medef rejette fermement l'idée que les entreprises seraient "des actionnaires assoiffés de dividendes et indifférents à l'intérêt général", qualifiant cette vision de "contre-vérité". Il rappelle que les entreprises du Medef représentent 12 millions de salariés et contribuent à l'intérêt collectif.
Une Initiative Controversée au Sein du Patronat
Cette mobilisation ne fait pas l'unanimité parmi les organisations patronales. Si la CPME confirme qu'il existe "une colère des chefs d'entreprise qui ont l'impression d'être caricaturés dans le débat public", l'U2P (entreprises de proximité) refuse de participer.
Michel Picon, président de l'U2P, critique cette initiative comme "une erreur magistrale" : "Ce n'est pas le moment, il ne faut pas donner l'impression que le monde de l'entreprise est opposé à celui du travail". Il reproche également à Patrick Martin de ne pas l'avoir consulté avant cette annonce publique.
Stratégie de Communication Positive
Le meeting se veut "positif et joyeux" selon Patrick Martin, qui souhaite que le patronat revendique sa "contribution essentielle au bien public". Cette approche s'inscrit dans une stratégie de contre-offensive face aux critiques croissantes du monde économique, notamment en période de discussions budgétaires tendues.
Cette mobilisation patronale fait suite aux menaces de "grande mobilisation" déjà évoquées mi-septembre en cas de hausse d'impôts dans le cadre du budget 2026. Le Medef maintient sa position : les entreprises "ne peuvent pas supporter de nouveaux impôts" et demandent au contraire de "desserrer le frein à main pour relancer l'investissement".
Tensions sur le marché du travail liées à la dénatalité et au vieillissement
L'économiste Maxime Sbaihi a publié via le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan un article concernant l'impact démographique sur le marché du travail français.
Le constat démographique alarmant
La France fait face à un double phénomène démographique critique : d'une part, le vieillissement de la population avec des départs massifs à la retraite, et d'autre part, une chute continue de la natalité depuis plus de dix ans. Cette "marée descendante de la natalité" conjuguée au vieillissement risque d'aggraver les tensions déjà présentes sur le marché du travail.
Les chiffres sont éloquents : depuis 2011, les naissances diminuent, particulièrement depuis 2015, et cette tendance se poursuit en 2025 avec une baisse de 3% à fin juin par rapport à l'année précédente. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les courbes des décès et des naissances se croisent, avec un solde naturel qui devrait devenir négatif dès 2025, soit dix ans plus tôt que prévu.
L'impact sur la population active
La population active se trouve "prise en étau" entre ces deux dynamiques. La population en âge de travailler (15-64 ans) décline après avoir atteint un pic en 2011, avec une proportion des plus de 64 ans passant de 17% à 22% depuis 2011, tandis que celle des moins de 15 ans baissait de 19% à 17%.
Le déséquilibre est déjà visible : sur la décennie 2020-2030, le flux annuel moyen de départs en fin de carrière est estimé à 670 000 personnes, chiffre supérieur aux 640 000 nouveaux actifs qui sortent chaque année du système éducatif.
Malgré cela, la population active continue temporairement de croître grâce aux réformes récentes (apprentissage, recul de l'âge de départ à la retraite) qui ont permis de faire passer le taux d'activité des 15-64 ans de 70,8% en 2011 à 74,4% en 2024. Cependant, l'économiste prévoit un pic de 31,2 millions d'actifs en 2035 avant un "long et lent déclin".
Le renversement du paradigme économique
L'analyse révèle un "renversement copernicien" : alors que l'action publique était traditionnellement focalisée sur la lutte contre le chômage, elle doit désormais s'attaquer aux pénuries de main-d'œuvre. Le retournement démographique contribue déjà à maintenir le taux de chômage à des niveaux historiquement bas malgré une croissance atone.
Les trois leviers proposés
Face à ces défis, Maxime Sbaihi propose trois solutions complémentaires :
1. Travailler plus
La France conserve une marge de progression non négligeable du taux d'activité, notamment chez les jeunes et les seniors, ainsi qu'un potentiel d'allongement du temps de travail sur la durée de vie.
2. Automatiser davantage
Les politiques visant à "réveiller la productivité" et accélérer la substitution du capital au travail, notamment via la robotique, permettraient d'amortir le choc de la raréfaction du facteur travail.
3. Accueillir mieux
L'économiste souligne l'importance de développer une "stratégie d'immigration de travail" pour faire valoir les intérêts français dans la compétition européenne pour attirer les talents étrangers.
La transformation sociale en cours
Au-delà des aspects économiques, l'article met en évidence une transformation sociétale majeure : depuis 2014, les moins de 20 ans sont mis en minorité par les plus de 60 ans, et sans rebond des naissances, les plus de 70 ans deviendraient plus nombreux que les moins de 20 ans dès 2038. Cette inversion de la pyramide des âges "déstabilise" un modèle social conçu avec une jeunesse majoritaire et des générations en renouvellement continu.
Cette analyse souligne l'urgence d'une adaptation structurelle de l'économie et de la société françaises face à ces mutations démographiques profondes qui redéfinissent fondamentalement les équilibres du marché du travail.
Économie française : croissance modérée et hausse légère du chômage prévues
France : une économie qui résiste mais ralentit
L'Insee prévoit une croissance de 0,8% pour 2025, en recul par rapport à 2024 (+1,1%). Le PIB progresserait de 0,3% au troisième trimestre puis de 0,2% au quatrième trimestre.
L'emploi subirait un net ralentissement avec seulement 36 000 créations de postes en 2025 contre 103 000 l'année précédente. Le taux de chômage grimperait légèrement à 7,6% de la population active d'ici fin 2025.
Pouvoir d'achat et consommation sous pression
Le pouvoir d'achat connaîtrait une forte décélération (+0,8% en 2025 vs +2,5% en 2024) avec un repli marqué au second semestre (-0,1% puis -0,7%). Malgré cette baisse, la consommation des ménages se maintiendrait (+0,3% par trimestre au second semestre), les Français lissant habituellement l'impact des fluctuations fiscales.
Zone euro : des trajectoires contrastées
La croissance européenne présenterait des disparités importantes :
Espagne : dynamique avec +2,7% annuel
Italie : modérée à +0,6%
Allemagne : faible reprise à +0,3% après une récession
Zone euro globale : +1,4% en 2025
Contexte international
Hors Europe, l'économie américaine ralentirait à +1,9% (vs +2,8% en 2024), le Royaume-Uni faiblirait à +1,3%, tandis que la Chine resterait dynamique avec +4,8%.
Incertitudes liées aux réformes
L'Insee souligne les incertitudes entourant l'impact de la loi Plein-emploi sur les statistiques d'emploi, notamment avec l'inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail depuis début 2025.
Prévisions Salariales 2026 : Modération et Enjeux de Transparence
Les augmentations salariales resteront modérées en 2026, comprises entre 1,5% et 2% selon l'étude PageGroup publiée le 9 septembre, soit un niveau comparable à 2025. Cette retenue s'explique par un contexte économique morose aggravé par l'instabilité politique française.
Secteurs Porteurs et Métiers en Tension
Malgré ce contexte, certains secteurs maintiennent une dynamique de recrutement forte :
IT et Numérique : Les métiers du cloud, de l'IA, de la data et de la cybersécurité restent très recherchés. Un ingénieur cybersécurité débutant verra son salaire passer de 40 000€ à 45 000€ (+12,5% en deux ans).
Industrie : Portée par la réindustrialisation et les transitions énergétiques, elle offre de belles perspectives pour les techniciens de maintenance (28 000€ à 50 000€) et ingénieurs électronique embarquée (jusqu'à 75 000€).
RSE : Les métiers de la décarbonation et de l'économie circulaire explosent, avec des salaires allant de 45 000€ à plus de 80 000€ pour les chefs de projet décarbonation.
Révolution de la Transparence Salariale
Juin 2026 marquera un tournant avec l'application de la directive européenne sur la transparence salariale. Les entreprises devront :
Afficher des fourchettes salariales dans leurs offres d'emploi
Permettre aux salariés de connaître les rémunérations moyennes par sexe pour des postes équivalents
Publier annuellement leurs écarts de rémunération hommes-femmes
Cette transparence forcée répond à un besoin urgent : 7 salariés sur 10 jugent leur entreprise peu transparente sur les salaires, et 54% ont déjà envisagé de quitter leur poste par sentiment d'injustice salariale.
Impact sur les Négociations
La nouvelle directive devrait faciliter les négociations salariales en donnant aux employés des arguments concrets. Les salariés pourront demander des informations précises sur les critères d'évolution et se positionner par rapport à leurs collègues. Cette évolution bénéficiera particulièrement aux femmes, qui perçoivent actuellement 6,9% de moins que leurs homologues masculins selon l'Apec.
L'année 2026 s'annonce donc comme une période charnière, marquée par la prudence salariale des entreprises mais aussi par une révolution de la transparence qui pourrait rééquilibrer les rapports de force dans les négociations.
POINT FORMATION
CPF : les entreprises boudent massivement les dotations volontaires
Une pratique confidentielle malgré cinq ans d'existence
Depuis l'introduction de la possibilité en 2020, les dotations volontaires au CPF demeurent exceptionnelles dans le paysage français. Une étude inédite du Céreq menée avec la Caisse des dépôts révèle que seulement 2,3% des entreprises de plus de dix salariés ont utilisé ce dispositif entre 2020 et 2023, touchant à peine un salarié sur mille.
Un fossé entre grandes et petites structures
L'utilisation de cet outil révèle de profondes disparités selon la taille des organisations. Les grandes entreprises de plus de 1 000 salariés affichent un taux d'adoption de 47,5%, contrastant radicalement avec les structures plus modestes. Les secteurs financiers, assurantiels et industriels se montrent également plus enclins à alimenter les comptes formation de leurs collaborateurs.
Quatre profils d'entreprises utilisatrices
L'analyse identifie des motivations variées parmi les entreprises "dotatrices" :
21% comblent des lacunes de leur plan de développement pour répondre à des besoins opérationnels spécifiques
25% réagissent aux demandes individuelles de salariés qualifiés, principalement des cadres
29% intègrent cette démarche dans une stratégie planifiée de gestion des compétences, impliquant représentants du personnel et organismes de formation
25% agissent de manière ponctuelle et peu structurée, souvent pour accompagner des évolutions externes ou des formations pratiques
Méconnaissance généralisée du dispositif
Le principal obstacle réside dans l'ignorance du mécanisme : 71% des employeurs ne connaissent pas les possibilités offertes par le CPF doté. Cette lacune informationnelle explique largement la sous-utilisation d'un outil pourtant disponible depuis cinq années.
Recommandations pour démocratiser l'usage
Le Céreq préconise plusieurs leviers d'amélioration : renforcer l'information via les organismes paritaires collecteurs, s'appuyer sur les dispositifs existants comme les bilans de compétences ou la validation des acquis, et développer des espaces collaboratifs pour coconstruire les projets professionnels.
Les entreprises utilisatrices se caractérisent par un investissement formation plus conséquent et une implication renforcée des représentants du personnel, suggérant que la dotation CPF s'inscrit dans une démarche globale de développement des compétences.