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Vendredi 05 Déc

Point Emploi

L'apprentissage en berne : les mesures d'économies font chuter les nouveaux contrats

La formation professionnelle traverse une période délicate. Après une croissance de 4,4% en 2024, les contrats d'apprentissage enregistrent un repli notable de 3,3% depuis le début de l'année 2025, selon les derniers chiffres du ministère du Travail publiés à fin septembre. Un renversement de tendance qui interpelle directement les entreprises et les acteurs de l'apprentissage.

Des chiffres en recul sur tous les fronts

À fin septembre 2025, 690 800 contrats d'apprentissage avaient été conclus depuis le début de l'année. Cette baisse se décline de manière inégale entre secteurs : le secteur privé affiche un recul de 3,2%, tandis que le secteur public subit une chute plus prononcée de 8,6%. Entre les formations de niveau secondaire (270 500 contrats, -3%) et celles de l'enseignement supérieur (420 300 contrats, -3,6%), le mouvement de régression est généralisé.

Le nombre d'apprentis eux-mêmes connaît une légère baisse de 0,7% par rapport à l'année précédente, avec 1 008 600 personnes en contrat d'apprentissage fin septembre 2025. Les données historiques montrent que cette stagnation contraste avec une progression régulière : 1 048 800 apprentis fin 2024, 1 015 900 fin 2023 et 970 700 fin 2022.

À la source du déclin : les mesures d'économies envers les employeurs

La dynamique négative ne relève pas du hasard. Le gouvernement a mis en place une série de mesures d'économies qui impactent directement les entreprises recrutant des apprentis. Depuis le 24 février 2025, l'aide à l'embauche a été réduite : de 6 000 euros maximum, elle passe à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés, et à seulement 2 000 euros pour les plus grandes structures.

S'ajoute à cela une nouvelle participation forfaitaire obligatoire de 750 euros par contrat d'apprentissage pour les certifications de niveau Bac+3 ou supérieur, mise en place par décret en juillet 2025. En octobre, une autre mesure a étendu la proratisation de l'aide versée aux employeurs pour les contrats de moins d'un an. Autant de freins qui pèsent sur les décisions de recrutement.

Le contrat de professionnalisation poursuit son déclin

Autre point d'alerte : le contrat de professionnalisation, qui continue d'une baisse accélérée. Avec seulement 62 400 contrats engagés depuis le début de l'année, cet outil enregistre un recul de 7,3% sur un an. La tendance est particulièrement préoccupante chez les moins de 26 ans avec une chute de 12,2%. En chiffres absolus, seulement 66 100 personnes sont en contrat de professionnalisation fin septembre 2025, soit une baisse de 11,7% comparé à l'année précédente.

Enjeux et perspectives

Les entrées en apprentissage « marquent le pas » lors de la rentrée stratégique de septembre 2025. Le ministère du Travail avait anticipé un « effet de stagnation » lors de la présentation de sa réforme du financement en avril, mais reconnaissait l'incertitude quant aux véritables impacts de ces mesures d'économies.

Pour les acteurs de la formation et les entreprises, le message est clair : l'apprentissage, malgré son importance stratégique pour l'emploi des jeunes, devient moins attractif financièrement. Alors que la France doit continuer à investir dans les talents de demain, cette baisse interroge sur la cohérence entre les objectifs de formation professionnelle et les contraintes budgétaires imposées aux employeurs.


Assurance chômage : le gouvernement relance la négociation sociale


Le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou a transmis samedi 29 novembre un courrier aux partenaires sociaux qui marque un tournant dans la gestion de l'assurance chômage. Après plusieurs semaines d'attente, le gouvernement choisit clairement de privilégier la négociation sociale plutôt que d'imposer le document de cadrage rédigé par François Bayrou en août 2025 sous l'ancien gouvernement.

Le cadre de la nouvelle négociation

Le gouvernement s'engage à retirer le document d'août dès lors que les partenaires sociaux formalisent leur engagement à négocier sur deux thèmes structurants : les contrats courts et les ruptures conventionnelles individuelles. Les discussions doivent aboutir à un accord d'ici fin janvier 2026, avec un calendrier précis à établir.

Cet assouplissement répond à la demande formulée mi-novembre par sept des huit organisations syndicales et patronales représentatives, qui avaient sollicité le retrait du document de cadrage. Le ministre y voit un signal positif de la capacité des partenaires sociaux à se saisir des sujets structurants pour l'emploi, notamment dans un contexte où le taux de chômage français reste supérieur à celui de la plupart des pays voisins.

Des objectifs d'économies révisés à la baisse

Le gouvernement actuel ajuste sensiblement les ambitions financières en comparaison au gouvernement précédent. L'ancien cadrage visait entre 2 et 2,5 milliards d'euros d'économies annuelles entre 2026 et 2029, avec une montée en charge progressive devant atteindre au minimum 4 milliards à partir de 2030.

Face au contexte dégradé des finances publiques, le nouvel objectif est fixé à au minimum 400 millions d'euros d'économies annuelles, avec des effets dès 2026 et des gains évalués sur la durée restante de la convention. Cet objectif s'accompagne notamment d'un encadrement des ruptures conventionnelles individuelles.

Continuité de la convention en vigueur

Un point de stabilité est confirmé : la convention d'assurance chômage du 15 novembre 2024 continuera de s'appliquer au-delà de son terme initial du 15 novembre 2025. Le ministre apporte également des clarifications sur l'entrée en vigueur des mesures relatives aux primo-entrants (prévues par la convention 2024) et à l'ajustement du bonus-malus sectoriel (via l'avenant du 7 juillet 2025).

La résistance du Medef complique le tableau

Cependant, le climat social demeure tendu. Le Medef et l'U2P ont refusé de signer le courrier de mi-novembre et ont décliné l'invitation à participer à une réunion de lancement prévue le 3 décembre. Hubert Mongon, négociateur du Medef, justifie ce refus en invoquant un contexte politique et budgétaire peu propice à des discussions sereines.

Le patronat conditionne également sa participation à l'agrément gouvernemental de la convention sur le bonus-malus signée fin mai 2025, qui n'a toujours pas reçu son visa officiel. Selon le Medef, l'engagement de négocier sur les contrats courts avant fin 2025 étant lié à cette prise d'effet, il ne peut actuellement pas s'engager collectivement sur ce dossier.

Un délai de deux mois pour convaincre

En clarifiant sa position sur le cadrage d'août, en levant les incertitudes sur les procédures d'agrément et en fixant un programme de travail précis, Jean-Pierre Farandou crée les conditions pour relancer le dialogue. Reste que l'exécutif accorde un délai de deux mois aux partenaires sociaux pour aboutir à un compromis. Au-delà, face aux enjeux budgétaires, le gouvernement ne s'interdit pas de reprendre ses responsabilités et d'imposer ses propres mesures.


Ruptures conventionnelles : le gouvernement vise 400 M€ d’économies


Le gouvernement a proposé aux partenaires sociaux de retirer la réforme Bayrou de l’assurance-chômage, à condition d’ouvrir rapidement une négociation sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles.

Objectif affiché : dégager au moins 400 millions d’euros d’économies sur ces dispositifs, dont le coût reste jugé significatif dans les dépenses d’allocations chômage.

Une négociation sous pression

Les partenaires sociaux attendaient depuis deux semaines une confirmation de l’exécutif, ce qui a nourri l’impatience des organisations syndicales.

Le gouvernement souhaite que cette négociation aboutisse d’ici fin janvier 2025, pour permettre l’entrée en vigueur de mesures dès août 2025.

Position du MEDEF

Le MEDEF soutient la réforme Bayrou :

« Dans le contexte dégradé des finances publiques, il est souhaitable que cette intention de réformer l'assurance-chômage, notamment sur les ruptures conventionnelles individuelles, puisse générer une économie d’au moins 400 M€ par an dès 2026. »

Un cadre déjà fixé

La convention actuelle, valable jusqu’à novembre 2024, restera applicable au-delà du 15 novembre tant qu’aucun accord ne sera conclu.

Le gouvernement entend reprendre la main si les négociations n’aboutissent pas dans les délais.

Des partenaires sociaux divisés

CFDT : désormais favorable à une négociation commune sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles.

MEDEF : n’entend pas revenir sur son soutien à la réforme Bayrou.

U2P : alerte sur les difficultés des petites entreprises et sur la nécessité d’une approche équilibrée.

En résumé : l’exécutif met la pression pour réformer rapidement les contrats courts et les ruptures conventionnelles. Le MEDEF soutient une réforme budgétairement responsable, tout en appelant à une négociation réaliste pour préserver la dynamique de l’emploi.



Formation - Education

L'Apprentissage en France Face à un Tournant Financier

Les produits des CFA reculent pour la première fois en 2024

Les données présentées au conseil d'administration de France compétences le 27 novembre 2025 révèlent un retournement historique dans l'économie de l'apprentissage français : pour la première fois depuis la réforme de 2018, les « produits contrats » des Centres de Formation d'Apprentis (CFA) reculent de -3,8% en termes réels (hors inflation et effet volume), et même de -5% pour les seuls produits liés aux niveaux de prise en charge (NPEC).

Chiffres clés de l'exercice 2024

Le secteur affiche pourtant une dynamique toujours positive avec 1 050 000 apprentis accueillis fin 2024 (+2,8% par rapport à 2023) et 879 000 nouveaux contrats signés dans l'année (+3%). Le coût-contrat moyen s'établit à 7 874 euros (contre 7 635 € en 2023), tandis que la charge totale par apprenti atteint 8 846 euros.

Des marges en chute libre

L'impact des régulations successives de France compétences entre 2022 et 2024 se fait désormais pleinement sentir. Le résultat net des CFA chute de 40%, et le taux de marge moyen passe de 8,6% à 5%, soit une baisse de 4 points. Cette érosion touche particulièrement les structures publiques (-7,3 points) et les sociétés commerciales (-5,7 points). Près d'un tiers des CFA déclarent être en déficit en 2024, soit 7% de plus qu'en 2023, et le déficit global s'aggrave de 50%, passant de 175 à 263 millions d'euros.

Le reste à charge entreprise explose

Face à la baisse des financements publics, le reste à charge entreprise (RAC) bondit de 47% pour atteindre près de 380 millions d'euros. Ce phénomène se concentre massivement sur les formations de niveau Master et ingénieur (74% du RAC), tandis que les niveaux CAP et Bac en bénéficient très peu.

2025-2026 : des réformes qui accentuent la pression

La réforme du financement entrée en vigueur au 1er juillet 2025 renforce cette tendance avec plusieurs mesures structurantes :

Une participation obligatoire des employeurs de 750 € par contrat pour les formations Bac+3 et plus

Un calcul du NPEC désormais proratisé à la journée (et non plus au mois)

Une minoration de 20% pour les formations dispensées à plus de 80% à distance

Un plafonnement des NPEC étendu aux niveaux 5, 6 et 7

L'ensemble de ces mesures devrait générer 450 à 500 millions d'euros d'économies, mais selon Renaud Bricq, directeur de la régulation chez France compétences, « une nouvelle forte régulation à la baisse risquerait de mettre à mal l'appareil de formation ».

Perspectives

Le printemps 2026 verra l'entrée en vigueur de nouveaux NPEC après une révision générale, avec une simplification drastique du système (passage de 800 000 à 3 500 niveaux de prise en charge). Les branches professionnelles verront leur rôle renforcé pour prioriser les financements vers les métiers en tension et les premiers niveaux de qualification.



Politique et Economie en HDF

Transition climatique : le CESER alerte sur le retard des Hauts-de-France

Le CESER Hauts-de-France estime que la région n’avance pas assez vite pour atteindre les objectifs européens : –55 % de gaz à effet de serre d’ici 2030 et neutralité carbone en 2050. Il identifie dix priorités “incontournables” pour éviter un décrochage régional.

Un territoire sous pression écologique

Les Hauts-de-France reposent fortement sur leurs ressources naturelles, mais leur état se dégrade : pression sur l’eau, artificialisation des sols, réduction des puits de carbone naturels (forêts, prairies, zones humides).

La région reste marquée par son héritage industriel et logistique, très émetteur, avec une consommation énergétique parmi les plus élevées de France.

Trois chantiers prioritaires

Restauration des sols : limiter leur dégradation, restaurer les capacités de stockage carbone, renforcer la biodiversité.

Sobriété énergétique et matérielle :

mieux dimensionner les équipements et les usages ;
accélérer la rénovation énergétique des bâtiments ;
favoriser la réutilisation et la densification.

Mobilités : développer des alternatives à la voiture individuelle, encourager l’intermodalité, le covoiturage et les solutions partagées.

Une industrie clé mais sous tension

Le CESER souligne l’importance d’accompagner l’industrie dans la décarbonation :

déploiement de l’efficacité énergétique ;
récupération de chaleur fatale ;
substitution des combustibles fossiles ;
développement d’une économie circulaire compétitive.

Une réindustrialisation “faible en carbone” pourrait éviter 9 millions de tonnes de CO₂, tandis que les réindustrialisation intensives risquent d’augmenter les émissions si elles ne sont pas maîtrisées.

Énergies renouvelables et données : deux leviers majeurs

La région doit accélérer le déploiement des ENR, des réseaux de chaleur, du biogaz et des infrastructures énergétiques mutualisées.
Le CESER appelle à un pilotage stratégique des données climatiques : indicateurs clairs, meilleure transparence, données fraîches et accessibles pour orienter l’action publique.

En conclusion

Le CESER appelle à une mobilisation collective : collectivités, entreprises, citoyens, réseaux et financeurs doivent accélérer pour éviter que la région ne reste à l’écart de la trajectoire climatique européenne.