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Vendredi 21 Nov

Point Emploi

Tribune – Préservons le bilan de compétences, un outil indispensable pour l’avenir des actifs et des entreprises

Par Patrick Martin (Medef), Amir Reza-Tofighi (CPME), Michel Picon (U2P), David Cluzeau (UDES) et Arnaud Rousseau (FNSEA)

Publié le 18 novembre 2025

Le projet de loi de finances 2026 fait peser une menace directe sur le bilan de compétences, qui ne serait plus finançable via le CPF. Les principales organisations patronales montent au créneau pour alerter sur les conséquences d’une telle décision : elle mettrait en péril un dispositif essentiel pour la souveraineté en compétences de la France.

Un recul contraire à l’ambition de 2018

La loi « Avenir Professionnel » de 2018 avait donné à chacun la liberté de choisir son avenir professionnel. En s’attaquant au financement du bilan de compétences – pour des raisons strictement budgétaires – le PLF 2026 contredit cette ambition et affaiblit la dynamique nationale autour des compétences.

Un outil concret, apprécié et efficace

Chaque année, plus de 80 000 actifs, dont 70 % de femmes, réalisent un bilan de compétences pour analyser leur parcours, identifier leurs forces et construire un projet professionnel solide.

Résultat : plus de 60 % des bénéficiaires s’engagent ensuite dans une formation, une reconversion ou un nouvel emploi.

Pour les entreprises, et tout particulièrement les TPE-PME, le monde agricole, le médico-social ou l’ESS, c’est un levier crucial de fidélisation, de montée en compétences et de mobilité interne.

Une décision à contre-courant des besoins du marché du travail

Dans un contexte où 80 % des entreprises peinent à recruter, limiter l’accès au bilan de compétences reviendrait à réserver l’orientation professionnelle aux plus favorisés et à priver les entreprises d’un outil qui sécurise les parcours et anticipe les transitions.

Au-delà des impacts sociaux, ce serait aussi une erreur économique majeure. Le bilan de compétences contribue directement à la capacité du pays à adapter ses compétences et à répondre aux besoins du tissu productif.

Un appel clair au Gouvernement

Les organisations patronales demandent au Gouvernement et aux parlementaires de préserver ce dispositif qui fonctionne, utile aux salariés comme aux employeurs, et qui incarne une politique de l’emploi efficace, inclusive et responsable.

Parce que les transitions professionnelles ne se décrètent pas : elles se construisent, pas à pas, grâce à un accompagnement adapté. Le bilan de compétences est l’un des piliers de cet accompagnement. Il doit le rester.


Apprentissage : la fin d’un âge d’or… et des conséquences immédiates pour l’emploi et les CFA

La dynamique exceptionnelle de l’apprentissage, engagée depuis la réforme de 2018 et accélérée durant la période Covid, connaît aujourd’hui un net coup de frein. Les récentes orientations budgétaires du gouvernement – entre réduction des aides, baisse des niveaux de prise en charge et volonté affichée de « rationaliser » les dépenses – marquent un tournant majeur du dispositif. Les impacts, eux, sont déjà visibles et particulièrement inquiétants.

Des effets immédiats sur l’emploi

Selon les dernières données de l’Insee, 60 000 emplois salariés ont été détruits entre juin et septembre 2025, dont les deux tiers liés à la baisse des contrats d’apprentissage .

L’Insee anticipait déjà un recul de 65 000 contrats au second semestre, tendance désormais confirmée.

De janvier à août, les signatures d’apprentissage ont reculé de 4,1 %, dans le public comme dans le privé.

Un dispositif devenu « trop coûteux » pour l’État

Le financement de l’apprentissage, qui avait atteint 16 milliards d’euros en 2024, est désormais jugé excessif par l’exécutif. Résultat :

- la prime à l’embauche est passée à 5 000 € pour les entreprises de moins de 250 salariés et à 2 000 € pour les autres ;
- une réduction d’1 milliard d’euros supplémentaire est annoncée ;
- les niveaux de prise en charge des CFA (NPEC) ont été abaissés ;
- un reste à charge de 750 € s’applique désormais pour tout apprenti bac +3 et plus embauché depuis juillet .

CFA : plans de restructuration et classes qui ferment

La Fédération nationale des directeurs de CFA alerte sur une « situation très préoccupante » :

- baisses de budget,
- licenciements,
- impossibilité d’investir,
- fermetures de classes.

De nombreux centres, structurants pour les territoires, voient leurs comptes basculer dans le rouge.

Un pilotage contesté par les acteurs

Plusieurs experts et responsables – dont Antoine Foucher, l’architecte de la réforme de 2018 – dénoncent un pilotage erratique :

- économies ciblées au mauvais endroit,
- aides versées sans distinction aux grandes entreprises,
- subventions CFA réduites trop brutalement .

Du côté des entreprises, l’incompréhension domine.

Patrick Martin, président du Medef, dénonce des « arbitrages déconnectés des réalités dont les premières victimes sont l’emploi et la jeunesse » .

Un dispositif qui reste pourtant un succès

Malgré ce retournement, les résultats de l’apprentissage restent indéniables :

- le nombre d’apprentis a presque triplé entre 2017 et 2024,
- l’emploi des jeunes a progressé,
- l’apprentissage s’est imposé comme la politique publique la plus efficace pour insérer durablement les jeunes.

Même si un « plateau » est attendu, il resterait deux fois supérieur à celui d’avant crise, signe d’un mouvement de fond durable .

Pour les entreprises des Hauts-de-France

La région, fortement engagée dans la formation et l’accompagnement des jeunes, risque de ressentir plus fortement encore :

- la baisse des signatures en apprentissage,
- les difficultés financières des CFA,
- les tensions de recrutement amplifiées.

Le MEDEF Hauts-de-France continuera à se mobiliser pour défendre un modèle d’apprentissage ambitieux, accessible et sécurisé, condition indispensable à la compétitivité de nos entreprises et à l’avenir de notre jeunesse.

Formation - Education

Rapport de l'IGAS sur les OPCO : Contrôle de l'efficience comparée des opérateurs de compétences

L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a publié en novembre 2025 un rapport majeur sur l'efficience des onze opérateurs de compétences (OPCO), suite à une mission de contrôle menée de mars à juin 2025. Ce rapport, réalisé par Maryse Fourcade, Alexandre Grosse, Mikaël Hautchamp et Thierry Paux, a été présenté aux OPCO le 7 novembre 2025.

Constats principaux

Le rapport dresse un bilan contrasté des OPCO. D'un côté, l'IGAS reconnaît leur efficacité globale :
Ils ont développé le conseil aux entreprises
Ils se sont saisis de la question de l'attractivité des métiers
Ils ont accompagné le développement très rapide de l'apprentissage
Ils ont mis en place des outils numériques pour les entreprises et de gestion des contrats fonctionnels

Cependant, le rapport pointe des coûts de fonctionnement élevés et très variables :

- Les frais de fonctionnement atteignent 720 millions d'euros pour l'ensemble des onze OPCO en 2024
- Les effectifs totalisent 6 300 salariés
- Une hausse dynamique des effectifs et des charges de fonctionnement
- Une dégradation de la situation financière des OPCO
- Des écarts importants de performance entre organismes

Les propositions de l'IGAS

Le rapport formule des propositions visant des économies substantielles de plus de 200 millions d'euros et 1 500 emplois, ce qui représente environ 28% des frais de fonctionnement totaux et 24% des effectifs.

Les mesures d'efficience portent principalement sur quatre axes :

1. La gestion des contrats d'apprentissage et des dossiers de formation
Le rapport propose notamment le transfert à l'Agence de services et de paiement (ASP) de certaines missions de gestion des contrats d'apprentissage. Cette mesure vise à mutualiser et rationaliser le traitement administratif des contrats, actuellement géré de manière distincte par chaque OPCO.

2. La réduction des surfaces immobilières
Des mesures d'économie sont préconisées concernant le parc immobilier des OPCO, jugé trop étendu par rapport aux besoins réels.

3. Une plus grande mutualisation des systèmes d'information
L'IGAS recommande de mutualiser les outils numériques et les systèmes d'information entre les OPCO pour éviter les doublons et réduire les coûts de développement et de maintenance.

4. Le financement des missions d'appui aux branches
Des ajustements sont proposés concernant le financement des missions que les OPCO réalisent pour le compte des branches professionnelles.

Propositions de renforcement

Paradoxalement, le rapport préconise également de renforcer certaines missions :

- Les missions de conseil et d'information aux entreprises
- Le contrôle des organismes de formation pour lutter contre la fraude
- Révision des conventions d'objectifs et de moyens (COM)

Le rapport propose de revoir les COM conclues avec l'État et leur politique de contrôle des organismes de formation. Cette révision interviendrait en amont des négociations de la future génération de COM 2026-2028.

Contexte budgétaire

Ces propositions s'inscrivent dans un contexte de fortes contraintes budgétaires :

- En 2025, l'État a poursuivi une politique d'économies sévères
- Le ministère du Travail a été soumis à des réductions budgétaires de près de 5 milliards d'euros en 2025
- Le rapport intervient alors que le projet de loi de finances pour 2026 prévoit de nouvelles économies

Réactions du secteur

Les propositions ont suscité des inquiétudes dans le secteur de la formation professionnelle :

- Crainte d'une mutualisation excessive ou de fusions entre OPCO
- Préoccupations concernant le maintien de la gestion paritaire
- Questions sur la capacité des OPCO à maintenir leur expertise sectorielle et leur proximité avec les entreprises

Les OPCO, tout en attendant les arbitrages gouvernementaux, appellent à la stabilité des règles et des moyens pour pouvoir mener à bien leurs missions, notamment dans un contexte d'objectif de réindustrialisation.


Qualité des prestataires du CPF : premiers résultats des audits 2025

20% des premiers dossiers audités présentent des anomalies, selon les premiers résultats des contrôles qualité lancés par la Caisse des dépôts en mars 2025 auprès des prestataires de formation financés par le CPF.

Les chiffres clés de la première vague

Sur les 250 premiers organismes de formation contrôlés (sur 1 000 prévus d'ici février 2026), les résultats révèlent que :
- 7% des dossiers ont été invalidés
- 13% ont été validés avec réserve, nécessitant un plan correctif

Au total, 49 prestataires sur 250 sont concernés par ces anomalies

Ces audits, prévus par l'article L.6316-3 du code du travail, s'inscrivent dans une campagne quinquennale de contrôle qualité. La première année prévoit trois vagues successives de 250, 350 et 400 prestataires.

Les secteurs les plus problématiques

François-Xavier Garancher, expert contrôle et qualité à la Caisse des dépôts, a identifié une surreprésentation marquée de certains types d'organismes parmi les dossiers problématiques :

Les pure players (formation 100% à distance) sont particulièrement concernés : ils représentent seulement 8% des établissements audités, mais 20% de ceux présentant des anomalies. Les lacunes portent principalement sur l'assistance pédagogique et la qualité des évaluations continues.

Les auto-écoles affichent la surreprésentation la plus importante, avec 40% des dossiers non validés ou validés avec réserve. Cette situation s'explique par le fait que la formation professionnelle reste une activité récente et marginale pour ces acteurs.

Les organismes spécialisés dans les langues représentent 9% des contrôles mais 15% des anomalies relevées. Les établissements proposant des parcours courts inscrits au Répertoire spécifique sont également surreprésentés parmi les dossiers problématiques.

Politique et Economie en HDF

Lille, ville la plus médiatisée de France en 2025
Un rayonnement national qui profite à tout le territoire

À l’approche du Congrès des maires, Lille confirme une nouvelle fois son attractivité médiatique. Le baromètre national Ouest-France – Tagaday classe en effet la capitale des Flandres ville la plus médiatisée de France pour la troisième année consécutive, rapporté au nombre d’habitants.

Avec 3,3 contenus médiatiques par habitant, Lille devance Nancy et Besançon. Paris, Lyon et Marseille dominent le volume total, mais c’est Lille qui s’impose lorsque l’on met en perspective taille et exposition.

2025 : une année particulièrement visible

Plusieurs événements majeurs ont accru la présence lilloise dans les médias :

- Le Grand Départ du Tour de France, en juillet,
- La démission de Martine Aubry, très commentée,
- La Braderie de Lille, toujours un temps fort,
- La saison culturelle et les grands événements (dont Lille Fiesta).

Cette succession de rendez-vous a braqué les projecteurs sur la ville et renforcé son image dynamique et attractive.

Une exposition qui rejaillit sur l’économie locale

Ce rayonnement médiatique contribue à accroître la visibilité des acteurs économiques, touristiques et institutionnels du territoire. Pour les entreprises, c’est un contexte favorable en termes d’attractivité, de recrutement et de notoriété.

À noter

Le classement des maires les plus médiatisés reste dominé par Édouard Philippe, Anne Hidalgo et Christian Estrosi. Le maire de Lille, Arnaud Deslandes, n’est pas comptabilisé cette année, son mandat ayant débuté en mars.

Industrie : un « Plan Marshall » pour répondre à l’urgence des compétences

Face à la pénurie massive de main-d’œuvre qui touche l’industrie française, un véritable « Plan Marshall de la formation » se met en place pour accompagner la réindustrialisation du pays et répondre aux besoins des entreprises. Alors que les investissements industriels se multiplient, la capacité à former, attirer et fidéliser les talents devient plus que jamais un enjeu stratégique.

Un déficit de compétences qui menace la production

Selon les acteurs industriels interrogés, les besoins explosent dans de nombreux secteurs :

Les entreprises peinent à recruter, malgré une forte dynamique d’embauches. Certaines doivent même ralentir leurs projets ou sous-traiter davantage, faute de main-d’œuvre disponible.

Une mobilisation nationale et territoriale

Pour y répondre, État, branches professionnelles, OPCO et acteurs territoriaux renforcent leur coopération et déploient des actions ciblées :

- développement des formations en alternance,
- investissement massif dans les plateaux techniques,
- accélération des reconversions professionnelles,
- montée en compétences rapide via des parcours courts (robotique, ligne automatisée, hydrogène…).

Les Hauts-de-France, région industrielle par excellence, figurent parmi les territoires les plus mobilisés, avec une augmentation notable des ouvertures de sections et des projets portés par les filières métallurgie, chimie, plasturgie et ferroviaire.

Des besoins immédiats, des solutions à consolider

Les industriels appellent désormais à :

- sécuriser les financements du système de formation,
- renforcer l’attractivité des métiers,
- stabiliser les dispositifs d’aide (apprentissage, reconversion),
- simplifier les passerelles entre demandeurs d’emploi et industries en tension.

Le plan vise également à répondre à la transition énergétique, qui génère de nouveaux métiers liés à l’hydrogène, aux batteries, au recyclage ou encore au nucléaire.

Une opportunité décisive pour les entreprises

Ce « Plan Marshall » constitue une opportunité majeure pour soutenir la souveraineté industrielle et répondre à l’objectif national : former massivement, vite et durablement.

Pour les entreprises, c’est aussi l’occasion d’anticiper leurs besoins, de renforcer leur marque employeur et d’attirer les talents vers des métiers d’avenir.