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Mardi 15 JuilPOINT EMPLOI
Transitions professionnelles : un nouvel accord pour simplifier et sécuriser les parcours au service des entreprises et des salariés
Le 25 juin 2025, les partenaires sociaux ont conclu un accord national majeur pour réformer les dispositifs de transitions et reconversions professionnelles, dans un contexte de mutations économiques, technologiques et écologiques accélérées. Ce texte, voulu par le gouvernement, vise à mieux anticiper les besoins en compétences et à sécuriser les parcours, tout en s’adaptant aux réalités des entreprises et des territoires.
Ce qui change :
> Deux dispositifs phares structurent désormais le système :
--> Le Projet de Transition Professionnelle (PTP), à l’initiative du salarié, permet de se former pour changer de métier, avec un accompagnement renforcé et la garantie de pouvoir réintégrer son entreprise d’origine en cas d’échec de la reconversion.
--> La Période de Reconversion, à l’initiative de l’entreprise, fusionne les anciens dispositifs Transco et Pro-A. Elle facilite le recrutement, la reconversion ou la promotion interne/externe, avec des modalités pédagogiques variées (immersion, alternance, formation en situation de travail).
> Simplification et lisibilité : L’accord remplace la multitude de dispositifs existants par un système plus lisible et accessible, aussi bien pour les entreprises que pour les salariés, avec un guichet unique régional (Transitions Pro).
> Cofinancement et mobilisation du CPF : Le financement des parcours repose sur une logique de co-construction. Le Compte personnel de formation (CPF) du salarié peut être mobilisé, uniquement avec son accord, pour cofinancer les projets de reconversion, dans la limite de 50% pour les reconversions internes.
> Gouvernance rénovée : Un espace stratégique national piloté par Certif Pro fixe les grandes orientations, tandis que les associations régionales Transitions Pro deviennent le point d’entrée unique pour l’accompagnement des projets, en lien étroit avec les OPCO, France Travail et les Régions.
> Nouveau rythme pour l’entretien professionnel : Un entretien « parcours professionnel » tous les 4 ans (au lieu de 2), pour anticiper les évolutions de carrière, identifier les besoins en formation et construire des parcours adaptés, avec un accompagnement renforcé pour les TPE-PME.
> Sécurisation des parcours : Le salarié garde la main sur son CPF et doit donner son accord pour toute reconversion externe, afin d’éviter les licenciements déguisés. En cas d’échec de la reconversion externe, il bénéficie d’un droit à réintégration dans son entreprise d’origine.
>Accompagnement renforcé pour les PME : Diagnostics RH, ingénierie de formation et lignes budgétaires dédiées sont prévus pour soutenir les entreprises de moins de 300 salariés dans la gestion des compétences et la mise en œuvre des dispositifs.
À retenir :
--> Cet accord modernise et simplifie l’accès à la reconversion, tout en sécurisant les droits des salariés et en offrant aux entreprises des outils plus adaptés pour répondre à leurs besoins de compétences. Il doit encore être transposé dans la loi et prévoit une période de transition jusqu’en 2027 pour la mise en place de la nouvelle organisation régionale.
--> Malgré un cadre budgétaire contraint, il s’agit d’un compromis salué par la plupart des organisations, qui devrait faciliter l’adaptation des entreprises et l’employabilité des actifs dans un marché du travail en pleine mutation.
Réduction drastique du budget de France compétences pour 2025
L'État réduit de 705 millions d'euros sa dotation à France compétences, portant le financement de 1,91 Md€ initialement prévu à seulement 1,21 Md€ pour 20251. Cette décision, annoncée lors du conseil d'administration du 26 juin, découle des difficultés budgétaires du gouvernement et des mesures d'économies imposées au ministère du Travail.
Impact financier majeur
Cette réduction drastique creuse le déficit prévisionnel de l'institution de 377 millions d'euros supplémentaires, portant le résultat final attendu à -843 M€1. La situation est aggravée par le non-report de 701 M€ qui n'avaient pas été versés en 2024, ainsi qu'une révision à la baisse des prévisions de masse salariale (de +2,8% à +1,9%), entraînant une diminution de 96 M€ de la contribution formation professionnelle (Cufpa).
Au total, les ressources de France compétences chutent de 731 M€, s'établissant à 12,92 Md€ contre les 13,65 Md€ initialement budgétés.
Mesures d'ajustement dans l'apprentissage
Face à cette contrainte budgétaire, France compétences prévoit 518 M€ d'économies sur la péréquation interbranches de l'apprentissage. Cette réduction s'explique par une baisse des entrées en apprentissage : 833 170 nouveaux contrats attendus en 2025 contre 857 425 initialement prévus et 878 871 signés en 2024.
L'institution anticipe également des impacts liés à la nouvelle participation obligatoire de 750€ pour les employeurs embauchant un apprenti de niveau bac+3 et plus, mesure qui doit entrer en vigueur au 1er juillet.
Paradoxe du Compte Personnel de Formation
Malgré les restrictions budgétaires, la consommation du CPF dépasse les prévisions de 160 M€, nécessitant 2,11 Md€ au lieu des 1,95 Md€ initialement budgétés. Cette hausse résulte de deux phénomènes : une baisse de 27% de l'utilisation par les actifs occupés compensée par une augmentation de 16% chez les demandeurs d'emploi, et un effet d'aubaine lié à l'alimentation plus précoce des comptes en février.
Cette situation illustre les défis de pilotage budgétaire auxquels fait face France compétences dans un contexte de restrictions gouvernementales croissantes sur les politiques de formation professionnelle.
Point Formation
Contrat d'Apprentissage Décret n° 2025-585 du 27 juin 2025
Explication de l’alinéa :
« En cas de rupture du contrat au cours de la période mentionnée au premier alinéa de l’article L. 6222-18, cette participation est fixée, dans la limite de 750 euros, à 50 % du montant de prise en charge fixé en application du 1o du I de l’article L. 6332-14, retenu au prorata temporis du nombre de jours effectués dans le cadre du contrat d’apprentissage »
En cas de rupture du contrat pendant la période probatoire
Cas N° 1 : Participation obligatoire, contrat rompu pendant la période probatoire
NPEC : 8 000 €
Contrat débute le 1er septembre, rompu le 15 octobre, soit 45 jours
Prise en charge sur la durée du contrat = 8 000 /365 x 45 = 986 €
Participation obligatoire de l’employeur plafonnée à 986 x 50 % = 493 €
Prise en charge par l’OPCO = 493 €
Cas N° 2 : Participation obligatoire, contrat rompu pendant la période probatoire, plafonnement
NPEC : 8 000 €
Contrat débute le 1er septembre, rompu le 10 novembre, soit 71 jours
Prise en charge sur la durée du contrat = 8 000 /365 x 71 = 1 556 €
Participation obligatoire de l’employeur 1 556 x 50 % = 778 €, plafonnée à 750 €
Prise en charge par l’OPCO = 806 € (1 556 – 750)
En cas de rupture du contrat pendant la période probatoire, lorsque le cycle de formation a commencé avant la conclusion du contrat.
Cas N° 3 : Participation obligatoire, début du cycle de formation en CFA sans contrat, conclusion d’un contrat et rupture pendant la période probatoire
NPEC : 8 000 €
Début du cycle de formation le 1er septembre, début du contrat d’apprentissage le 16 octobre, rompu le 10 novembre 2025.
> Période préalable au contrat (L. 6222-12-1)
du 1/9 au 15/10 = 45 jours
prise en compte de la période par l’OPCO (R. 6332-25 VI) = 8 000 /365 x 45 = 986 €
> Période d’exécution du contrat d’apprentissage
Du 16/10 au 10/11 = 26 jours
Prise en charge sur la durée du contrat = 8 000 /365 x 26 = 570 €
Participation obligatoire de l’employeur plafonnée : 570 x 50 % = 285 €
Prise en charge par l’OPCO =285 €
Le CFA facture :
A l’employeur : 285 €
A l’OPCO : 986 + 285 = 1 271 €
Parcoursup et Plan Avenir : quelles perspectives pour les employeurs ?
En 2024, plus de 600 000 lycéens et candidats en réorientation ont utilisé Parcoursup pour accéder à l’enseignement supérieur. Les bilans académiques révèlent une forte demande sur les filières classiques (licences, BTS, BUT) et un réel besoin d’accompagnement pour mieux orienter les jeunes vers les formations en adéquation avec les besoins du marché.
En parallèle, le Plan Avenir, lancé en juin 2025, vise à transformer l’orientation dès la 5ᵉ et à renforcer les passerelles entre l’école et le monde économique.
Ce que doivent retenir les employeurs
Des jeunes encore peu tournés vers les métiers en tension :
Les bilans Parcoursup montrent que les vœux se concentrent majoritairement sur les licences généralistes (droit, psychologie, sciences de la vie), les BTS commerce et gestion, ou les BUT techniques de commercialisation. Les filières industrielles, numériques et technologiques restent moins attractives, alors que ce sont des secteurs en forte demande de compétences.
>Un fort enjeu territorial et social :
Les jeunes issus des zones rurales, des milieux populaires ou boursiers accèdent moins aux filières sélectives ou d’avenir (CPGE, écoles d’ingénieurs). Le Plan Avenir entend y remédier en rendant l’orientation plus inclusive et en valorisant les compétences acquises hors du cadre scolaire.
> Une opportunité d’agir via l’entreprise :
Le Plan Avenir prévoit :
--> Des visites d’entreprise et stages dès la 5ᵉ,
--> Des rencontres systématiques avec des professionnels,
--> Le développement du mentorat,
--> Un partenariat renforcé avec les Régions pour des actions adaptées aux besoins locaux.
> Pourquoi s’impliquer ?
En intégrant des jeunes dès le collège et le lycée dans vos actions (stages, forums, visites), vous :
--> Valorisez vos métiers auprès de la future génération,
--> Attirez les talents vers les secteurs en tension,
--> Participez à l’égalité des chances en rendant visibles des parcours variés.
Vous contribuez ainsi à un meilleur alignement entre formation initiale et compétences attendues sur le terrain, un enjeu majeur face aux transitions numériques, écologiques et industrielles.
> Et maintenant ?
Les entreprises sont invitées à se rapprocher de leurs branches professionnelles, ou du Clubster Relation Ecole-Entreprise.
Un investissement gagnant pour anticiper vos besoins en compétences et nourrir votre marque employeur.