La Revue de Presse
Vendredi 26 SepACTUALITES ECONOMIQUES DU TERRITOIRE
Du 20/09/2025 au 26/09/2025
ACTUALITES ENTREPRISES
L’usine Saica Pack montre pourquoi elle cartonne…
L’usine Saica Pack de Poix-de-Picardie, spécialisée dans la fabrication de cartons d’emballage, a ouvert ses portes les 19 et 20 septembre 2025. La première journée était dédiée aux clients et partenaires, tandis que la seconde accueillait les salariés, leurs familles et les anciens employés. Parmi eux figurait Arnaud Langlet, retraité depuis deux ans, qui a rejoint l’usine en 1987, alors qu’elle portait encore le nom d’Emin-Leydier, après avoir été la Secop dans les années 1970. Il se rappelle la difficulté des débuts, marqués par l’odeur et la pénibilité du travail manuel, avant de gravir les échelons jusqu’au poste de coordinateur de fraction. Fier de son parcours, il souligne le contraste avec les méthodes actuelles, largement automatisées depuis le rachat du site par le groupe espagnol Saica en 2018.Ce rachat s’est accompagné d’investissements massifs pour moderniser la production. Le directeur de l’usine, Cyril Somon, évoque un total de 24 millions d’euros investis, dont 10 millions en 2020 pour une onduleuse de dernière génération. Capable de produire 32 000 m² de carton ondulé par heure, elle est aujourd’hui la machine la plus performante du groupe. En 2024, elle a fabriqué l’équivalent de 25 400 km linéaires de cartons, soit treize allers-retours Amiens-Marseille, doublant ainsi les performances du site. La chaîne de production ne s’arrête pas là. Une fois le carton ondulé fabriqué, cinq machines de transformation prennent le relais pour le découper et l’adapter aux demandes des clients. Le dernier investissement en date, inauguré en mars 2025, est un découpeur rotatif (DRO) de 7 millions d’euros. Cette machine XXL peut traiter 11 000 m² de carton par heure, renforçant considérablement les capacités du site. L’usine dispose également de groupes d’imprimeurs pour coloriser et personnaliser les emballages, notamment ceux certifiés BRC destinés au secteur alimentaire. Au total, la production atteint environ 600 palettes par jour, soit l’équivalent de 40 camions expédiés quotidiennement. Ces journées portes ouvertes ont permis à près de 240 visiteurs de découvrir un site à la pointe de la technologie, symbole d’une industrie locale en constante évolution et résolument tournée vers l’avenir, malgré les défis liés à la conjoncture des emballages. (Article du 22/09/2025 – Courrier Picard)
Ynsect Poulainville : un nouveau délai jusqu’au 15 janvier 2026
Le producteur de protéines d’insectes Ÿnsect, implanté notamment à Poulainville (Somme), bénéficie d’un ultime délai pour démontrer sa viabilité. Le 15 septembre 2025, le tribunal de commerce d’Évry a prolongé la période d’observation de l’entreprise jusqu’au 15 janvier 2026, soit quatre mois supplémentaires par rapport à l’audience initialement prévue le 25 septembre. Cette décision, exceptionnelle par sa durée, marque la dernière opportunité laissée à l’entreprise avant une possible liquidation judiciaire.
Le plan de relance, porté par la nouvelle direction, repose sur une innovation majeure : une technique d’élevage des larves de scarabées Molitor développée cet été en partenariat avec Entosolutions. Cette méthode, jugée prometteuse par le tribunal, devrait permettre de réduire significativement les coûts de production. Parallèlement, Ÿnsect bénéficie d’un apport de liquidités de dix millions d’euros, dont 8,6 millions apportés par ses actionnaires historiques Bpifrance et Astanor Ventures. Ces financements temporisent la situation et garantissent une continuité d’activité pendant la période d’essai.Cependant, le contexte social reste extrêmement tendu. Le plan de sauvegarde de l’emploi, qui ramène les effectifs de 200 à environ 40 salariés répartis entre Évry, Poulainville et Dole, est en phase de finalisation. Le 22 septembre 2025, 40 employés dispensés d’activité depuis le 1er août verront leur licenciement devenir effectif. Au total, il ne restera plus que 38 collaborateurs, dont seulement trois agents de production. Cette réduction drastique nourrit le pessimisme du comité social et économique. Son secrétaire, Hadrien Godard, conteste les avancées présentées par la direction, estimant que la nouvelle méthode d’élevage ne représente pas de progrès significatif, malgré l’optimisme affiché par les entomologistes.Ynsect produit de la protéine d’insectes à base de scarabée Molitor à Poulainville (Somme) pour l’élevage piscicole et l’alimentation animale.L’entreprise a été placée en procédure de sauvegarde en septembre 2024 puis en redressement judiciaire en mars 2025.Un plan de sauvegarde de l’emploi ne prévoit que le maintien d’une quarantaine de salariés, sur les quelque 200 du groupe, dont une vingtaine sur le site amiénois.Le sort de l’entreprise se jouera donc dans les prochains mois. Pour convaincre le tribunal, Ÿnsect devra prouver que son modèle est soutenable dans un marché des protéines d’insectes particulièrement concurrentiel, notamment pour l’alimentation animale et l’aquaculture. Si la technique d’élevage expérimentée confirme les gains de productivité attendus, l’entreprise pourrait entrevoir un avenir. À défaut, le couperet de la liquidation judiciaire tombera en janvier 2026, scellant l’échec d’un projet emblématique de l’agritech française. (Article du 23/09/2025 – Courrier Picard)
Lidl autorisé à racheter 19 magasins Auchan
L’Autorité de la concurrence a annoncé, hier qu’elle autorisait « sans conditions » le rachat de 19 supermarchés Auchan par le discounter allemand de la grande distribution Lidl. La semaine dernière, le président irlandais de Lidl France, John Paul Scally, avait dit vouloir atteindre 10 % de parts de marché d’ici à 2030 sur le territoire français. Outre un investissement de 150 millions d’euros dans des baisses de prix de ses produits depuis janvier, Lidl France œuvre également pour agrandir son réseau de magasins. Après vingt ouvertures nettes prévues cette année, l’enseigne comptera 1 627 magasins. Et elle a désormais le feu vert de l’Autorité de la concurrence pour reprendre 19 supermarchés du géant Auchan, en difficulté, ainsi que 8 stations-service « attenantes à certains de ces magasins » , a précisé l’Autorité de la concurrence dans un communiqué. Ces supermarchés se situent notamment à Paris, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Toulon, Antibes, Cannes et Saint-Raphaël.« Dans un contexte de concentration du secteur de la grande distribution, l’Autorité de la concurrence s’assure qu’au niveau local, ces acquisitions de magasins ne réduisent pas la concurrence par les prix et le choix offert aux consommateurs » , a-t-elle expliqué. Dans le cas du rachat par Lidl, « l’opération a été autorisée sans conditions » , a-t-elle déclaré.John Paul Scally avait dit tabler sur un retour à l’équilibre pour l’exercice qui sera clos en février 2026. D’après le média spécialisé LSA, Lidl France a perdu 72 millions d’euros en 2023-2024 et 9 millions en 2024-2025, pour un chiffre d’affaires de près de 16 milliards d’euros. (Article du 23/09/2025 – Courrier Picard)
EMPLOI
Les effectifs salariés du privé repartent à la hausse au 2 e trimestre 2025 dans les Hauts-de-France
Au deuxième trimestre 2025, l’emploi salarié privé dans les Hauts-de-France a connu un léger rebond de 0,2 %, après deux trimestres de recul (-0,1 % au premier trimestre 2025 et -0,2 % fin 2024). Cette tendance rejoint la dynamique nationale où 47 900 postes ont été créés (+0,2 %). Selon l’Urssaf de Picardie, cette progression marque un signal positif pour la région, même si tous les secteurs ne profitent pas de la reprise.La hausse est portée principalement par les services hors intérim, avec 1 600 créations nettes, et par le secteur de l’hébergement-restauration, qui enregistre 1 110 emplois supplémentaires, confirmant une forte dynamique post-crise. L’intérim poursuit également sa croissance, avec 1 080 postes créés en trois mois (+1,7 %), un rythme supérieur à la moyenne nationale.En revanche, d’autres secteurs continuent de souffrir. La construction est en repli de 0,2 %, soit 230 postes perdus, confirmant une tendance négative depuis fin 2024. L’industrie cède encore 200 postes (-0,1 %), et seul le commerce semble se stabiliser après plusieurs trimestres de difficultés.Sur le plan territorial, la croissance est légèrement plus marquée en Picardie (+0,3 %) qu’en Nord–Pas-de-Calais (+0,2 %), soit un total de 3 450 emplois créés : 2 180 dans le Nord–Pas-de-Calais et 1 270 en Picardie. La Somme affiche la meilleure performance régionale avec 750 créations nettes. Toutes les zones d’emploi picardes progressent, à l’exception de Compiègne (-180 postes) et de la Vallée de la Bresle – Vimeu, où l’emploi stagne. Saint-Quentin connaît une évolution marginale (+10 emplois). Le bassin d’Amiens enregistre une hausse notable avec 540 emplois supplémentaires, tandis que Beauvais (+310), Creil (+280) et Abbeville (+120) affichent également des résultats positifs.Malgré un contexte économique incertain et une croissance nationale limitée à 0,3 %, les entreprises de la région démontrent une résilience certaine. Les secteurs porteurs comme les services, la restauration et l’intérim apparaissent comme des moteurs de la reprise, alors que l’industrie et la construction continuent de freiner la dynamique régionale. (Article du 22/09/2025 – Courrier Picard)
La chaise Drucker, icône des bistrots et des stars de la déco
Depuis 1885, la Maison Louis Drucker, installée près de Compiègne dans l’Oise, perpétue un savoir-faire unique : la fabrication artisanale de sièges en rotin. Devenue une véritable icône des terrasses parisiennes à la fin du XIXᵉ siècle, la chaise Drucker continue de séduire grâce à son esthétique intemporelle et à son adaptation aux tendances actuelles.Sous l’impulsion de Bruno Dubois, qui a repris l’entreprise en 2006 alors qu’elle était en difficulté, la maison a retrouvé sa vitalité. Aujourd’hui, elle emploie une trentaine de salariés et collabore avec 15 000 décorateurs et architectes d’intérieur à travers le monde. Des créateurs prestigieux tels que Philippe Starck, Jacques Grange ou Jean-Michel Wilmotte ont revisité ses modèles emblématiques, apportant modernité et diversité à la collection.La production reste entièrement artisanale. Chaque chaise nécessite entre six heures et trente heures de travail, selon sa complexité. Les étapes sont méticuleusement réalisées : le rotinier façonne la structure, l’ébéniste fabrique le châssis en bois, puis les canneuses tressent le cannage coloré. Le matériau principal, le rotin, provient d’Asie et allie solidité et légèreté.Récemment, l’atelier a quitté son site historique de Gilocourt pour un nouveau bâtiment de 2 600 m² à Venette, dans la zone d’activités du Bois de Plaisance. Le lieu abrite un showroom où l’on peut découvrir aussi bien les modèles historiques que les créations contemporaines. Les chaises, soigneusement empilées, sont prêtes à partir vers 80 pays. L’Europe et les États-Unis constituent les principaux marchés, ces derniers doublant chaque année leurs importations, portés par le désir d’adopter un « morceau de café parisien ». Si la clientèle est majoritairement professionnelle, les particuliers peuvent aussi louer ou acheter ces pièces emblématiques : environ 280 euros pour un modèle standard et à partir de 772 euros pour une création signée d’un grand designer. La Maison Louis Drucker illustre ainsi la résilience de l’artisanat français, capable d’allier tradition et innovation pour rayonner à l’international. (Article du 22/09/2025- Courrier Picard)
Le secteur automobile a recruté 70 000 personnes en 2024
Les Hauts-de-France, première région automobile française avec près de 60 000 salariés, connaissent une transformation profonde grâce à l’essor des gigafactories de batteries électriques. Huit sites sont en cours d’implantation ou d’activité dans le Nord–Pas-de-Calais, auxquels s’ajoute le projet Tiamat à Boves (Somme), spécialisé dans la batterie sodium-ion. À horizon 5 à 10 ans, plus de 13 000 emplois sont attendus dans cette filière stratégique.Cette dynamique régionale s’inscrit dans une tendance nationale confirmée par l’Observatoire des métiers des services de l’automobile. En 2024, près de 70 000 recrutements ont été enregistrés dans la branche, alternants compris, soit une progression de 20 % par rapport à 2022. Hors alternance, on dénombre 55 080 embauches, un chiffre record dépassant 2019 (+18 %). Par ailleurs, 46 % des entreprises ont recruté au moins une personne en 2024, contre 38 % en 2022 et 36 % en 2019, illustrant la généralisation de la reprise.Ces embauches concernent majoritairement de petites structures. Si 84 % des entreprises de plus de 20 salariés ont recruté, les plus petites, représentant l’essentiel du tissu sectoriel, concentrent 59 % des embauches. Les structures de moins de six salariés, en particulier, sont à l’origine de 40 % des recrutements, contre 33 % deux ans plus tôt.Côté métiers, la maintenance automobile reste le principal moteur d’emploi, avec 23 200 postes créés (un tiers du total). Suivent les fonctions administratives (7 500 recrutements) et la carrosserie-peinture (7 100).L’étude souligne enfin une amélioration dans la capacité à pourvoir les postes. En 2024, 38 % des entreprises ont rempli l’ensemble de leurs besoins, contre 28 % lors des précédentes enquêtes. La part d’établissements confrontés à des postes non pourvus est tombée à 17 %, contre 20 % en 2022, signe d’une meilleure adéquation entre offre et demande. (Article du 22/09/2025 – Courrier Picard)
La SNCF TER Hauts-de-France prévoit 250 embauches en 2025
La SNCF TER Hauts-de-France, filiale de SNCF Voyageurs dédiée au transport express régional, poursuit sa politique de recrutement. Après avoir intégré 1 500 collaborateurs en trois ans, l’entreprise, qui compte aujourd’hui 3 500 salariés, prévoit de recruter 250 personnes en 2025. Les besoins se concentrent sur trois grands secteurs : la conduite de train, la relation clients et la maintenance du matériel roulant. Pour devenir conducteur de train, les profils recherchés sont variés : titulaires d’un bac+2 ou bac+3 toutes spécialités, d’un bac général ou technique, mais aussi de diplômes professionnels comme le BEP, le CAP ou encore le CFES/CFEPS, de préférence dans les domaines techniques (électricité, électrotechnique, électronique, mécanique).Concernant le personnel de bord, la SNCF recrute principalement des chefs de bord et quelques managers d’équipe. Aucun diplôme n’est exigé pour le premier métier, mais une expérience en commerce ou relation client est un atout. Pour les fonctions d’encadrement, un niveau bac+2 à bac+5 ou une expérience d’au moins deux ans en management est requis. Du côté du personnel en gare, l’entreprise recherche des chargés de relation clientèle. Là encore, aucun diplôme n’est obligatoire, mais une expérience dans le service ou la relation client est souhaitée. Des postes de managers en relation clientèle (bac+2 à bac+5 ou trois à cinq ans d’expérience) et de responsables d’équipe escale (bac+5) sont également proposés.Enfin, la SNCF TER recrute des mécaniciens de maintenance des trains, titulaires d’un diplôme allant du CAP-BEP au bac+2 en mécanique, maintenance, usinage ou chaudronnerie. Une expérience dans la mécanique ou le travail des métaux est appréciée, et le permis B est souvent demandé. L’entreprise insiste sur son engagement en matière de formation interne : indispensable pour la prise de poste, elle constitue aussi un levier pour évoluer vers de nouvelles fonctions ou se reconvertir au sein du groupe. (Article du 22/09/2025 – Courrier Picard)
Licenciés le jour même, des salariés d’Ynsect se rassemblent devant la ferme usine de Poulainville
Le 24 septembre 2025, une dizaine de salariés récemment licenciés d’Ynsect se sont rassemblés symboliquement devant l’usine de production de protéines d’insectes de Poulainville, dans la Somme. Ce mouvement fait suite à une vague de quarante suppressions de postes annoncées ce jour-là. Les ex-employés ont exprimé leur colère et leur volonté de contester ces licenciements, jugés abusifs. La procédure judiciaire a été engagée dès le 7 août, sous la conduite de l’avocat Fiodor Rilov, déjà connu pour avoir défendu les salariés de Goodyear. Selon lui, ces licenciements résultent d’une mauvaise gestion et non d’une fatalité économique. Hadrien Godard, secrétaire du CSE, a rappelé l’ampleur de la « casse sociale » : de 400 salariés au sein du groupe à ses débuts, l’effectif est tombé à moins de 40 aujourd’hui, dont une vingtaine seulement à Amiens. Pour lui, il est crucial de retracer l’histoire récente d’Ynsect, marquée par d’importants investissements publics, estimés à plus de 600 millions d’euros. Plusieurs démarches ont été initiées pour obtenir en justice des documents financiers et stratégiques permettant de mettre en lumière la gestion de l’entreprise. Sur le plan économique, Ynsect reste sous observation après la validation d’une période de quatre mois décidée par le tribunal de commerce d’Évry le 15 septembre. L’entreprise devra prouver, d’ici le 15 janvier 2026, la viabilité de son plan de relance. Ce dernier repose notamment sur un élevage manuel de larves, jugé prometteur par les spécialistes. Mais le site d’Amiens reste privé d’outils de transformation, contraignant l’entreprise à recourir à la sous-traitance. En parallèle, le site pilote de Dole a été partiellement repris par Keprea, société liée au fondateur d’Ynsect, Antoine Hubert, et soutenue par l’ancien ministre de l’agriculture Julien Denormandie, pourtant présent à l’inauguration d’Ynsect lorsqu’il était au gouvernement. La dimension politique de l’affaire n’a pas été occultée. François Ruffin, député de la Somme, a dénoncé la complicité de l’État, rappelant que trois ministres avaient soutenu Ynsect à ses débuts. Pour lui, l’entreprise illustre les dérives des aides publiques attribuées sans contrôle, au détriment des salariés aujourd’hui abandonnés. Malgré les incertitudes, les anciens employés affirment que leur lutte contre ces licenciements et pour la vérité sur la gestion d’Ynsect ne fait que commencer. (Article du 25/09/2025 – Courrier Picard)
Le plan d’Ynsect passe par la fermeture du site de Poulainville
L’avenir d’Ynsect, pionnier français de la production de protéines d’insectes à Poulainville (Somme), repose sur un plan de redressement présenté au tribunal de commerce d’Évry le 10 septembre 2025. Après des années de difficultés, la ferme verticale de 48 000 m² n’a jamais atteint les volumes de production prévus. L’entreprise, placée en sauvegarde en septembre 2024 puis en redressement judiciaire en mars 2025, n’a pas attiré de nouveaux investisseurs pour son site picard. Seule l’offre de Keprea, société codirigée par Antoine Hubert, a été retenue en juin 2025 pour 75 000 €, permettant la reprise partielle de l’activité de transformation des larves à Dole (Jura), mais avec seulement 13 salariés sur 37.À Poulainville, la situation est plus critique : de 191 salariés début juin 2025, il ne resterait qu’une quarantaine, dont une vingtaine sur place. Depuis avril, sous la direction d’Emmanuel Pinto, Ynsect mise sur un nouveau modèle industriel reposant sur un élevage décentralisé confié à des agriculteurs partenaires. Cette stratégie implique la fermeture de la ferme d’Amiens, mais permet une baisse drastique des coûts : le prix de production du kilo de larves est passé de 2,61 € en juin à 0,87 € début septembre 2025. Inspiré du modèle de la start-up allemande Entosolutions, ce virage constitue le cœur du nouveau business plan. Le financement reste toutefois le principal défi. Les besoins sont estimés à 32 M€ hors loyers et dettes. Deux phases sont prévues : 8,6 M€ d’ici fin décembre 2025, dont une partie est déjà assurée par Bpifrance et Astanor Ventures, et 23 M€ supplémentaires à réunir avant fin 2025. Ynsect travaille avec Rothschild&Co sur une restructuration financière impliquant ses principaux actionnaires (SCI Vertycal, Caisse des Dépôts et banques partenaires). La CDC a proposé en juin de racheter les parts de la SCI pour 5 M€, ce qui allégerait les charges immobilières du site. Enfin, le groupe Mars, via Royal Canin, apporte un soutien stratégique. La marque s’engagerait à acheter des protéines et huiles d’insectes sur la période 2026-2035, avec un volume croissant jusqu’à 2 000 tonnes par an. Elle envisage aussi une injection de 2 M€ dès 2025. Ces perspectives financières et commerciales seront décisives pour valider le plan de redressement, qui doit être présenté avant le 15 janvier 2026. (Article du 26/09/2025 – Courrier Picard)
REGION
Les panneaux Anmiens arrivent aux entrées de la ville
La langue picarde, reconnue comme l’une des langues historiques de la région Hauts-de-France, constitue un élément essentiel du patrimoine culturel local. Présente depuis des siècles, elle a laissé une empreinte durable dans les noms de lieux, les patronymes et les usages langagiers quotidiens. Riche de créations littéraires, théâtrales, contées et chantées, elle est inscrite au code du patrimoine français parmi les trésors nationaux. Cependant, en raison de la fragilisation de sa transmission familiale, l’UNESCO la classe désormais parmi les langues sérieusement menacées. C’est dans ce contexte qu’une étape importante a été franchie à Amiens, ce dimanche 21 septembre, avec la signature officielle de la Charte pour la promotion de la langue picarde dans l’espace public. L’événement, organisé dans la salle du congrès de l’hôtel de ville, a réuni la municipalité d’Amiens — appelée « Anmien » en picard — et l’Agence régionale de la langue picarde (ARLP). Cette charte vise à concrétiser une volonté commune : renforcer la visibilité et l’usage du picard au travers d’actions simples et accessibles. Les initiatives menées dans ce cadre seront regroupées sous le label « Ma commune aime le picard ! / Em comeune ale o ker el picard ! », attribué par l’ARLP. Le maire d’Amiens, Hubert de Jenlis, a exprimé sa satisfaction de voir le projet validé en conseil municipal et désormais concrétisé. Parmi les premières mesures annoncées figure l’installation de panneaux bilingues à l’entrée de la ville, affichant également le nom « Anmien ». Ces dispositifs existent déjà dans plusieurs communes de la Somme, et Amiens entend désormais montrer l’exemple. Pour Anne Pinon, vice-présidente de la région Hauts-de-France, le picard ne doit pas être considéré comme une langue figée dans le passé : il demeure vivant à travers le théâtre, notamment avec Chés Cabotans, mais aussi à l’école et dans la vie culturelle. Elle insiste sur son rôle de lien intergénérationnel. De son côté, Anne Tiberghien, présidente de l’ARLP, a rappelé l’importance et la vitalité de la création littéraire picarde, en remerciant les élus pour leur engagement à préserver et valoriser cette langue. Le message final résonne comme un slogan mobilisateur : « Mets du picard din’t bouke ! » — autrement dit, faisons vivre le picard au quotidien. (Article du 22/09/2025 – Courrier Picard)
EDITORIAL
La taxe Zucman, ce spectre qui hante le patronat
La « taxe Zucman » fait trembler le patronat français. Proposée par l’économiste Gabriel Zucman, professeur à Normale Sup et directeur de l’Observatoire fiscal européen, elle vise à instaurer un prélèvement annuel de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Cette idée, qui ne concernerait qu’environ 1 800 familles en France, remet au cœur du débat public la question de l’extrême concentration des richesses, dans un pays où le patrimoine moyen n’atteint que 177 000 €. L’hostilité du Medef et de grands patrons comme Bernard Arnault, deuxième fortune française, est révélatrice. Le PDG de LVMH a accusé Zucman d’être un « militant d’extrême gauche » cherchant à détruire l’économie libérale. Cette nervosité rappelle d’autres épisodes où les grandes fortunes, habituellement discrètes, se sont senties menacées, comme lors de la sortie du film Merci Patron ! de François Ruffin, qui dénonçait déjà l’invisibilité des élites économiques. Au-delà de la mesure fiscale, c’est une bataille culturelle et politique qui s’engage. Ruffin lui-même a proposé récemment d’aller plus loin, suggérant une privation des droits civiques pour ceux qui « feraient sécession » en refusant de contribuer à la collectivité, à l’image des aristocrates émigrés pendant la Révolution française. Cette rhétorique radicale illustre la charge symbolique du débat : il ne s’agit plus seulement d’imposition, mais de redéfinir le contrat social face à des inégalités jugées de plus en plus insoutenables. Pendant plusieurs décennies, le discours dominant a glorifié les « entrepreneurs » et légitimé les très grandes fortunes au nom de la réussite individuelle et de la compétitivité économique. Aujourd’hui, dans un contexte de montée de la pauvreté et de tensions sociales, la tolérance envers ces accumulations colossales s’effrite. La virulence des réactions patronales traduit la crainte que l’opinion publique bascule et que le voile de l’invisibilité fiscale ne suffise plus à protéger ces élites. Ainsi, le « spectre » de la taxe Zucman dépasse la question technique de la fiscalité : il révèle une remise en cause profonde du modèle néolibéral et de la place des hyper-riches dans la société. Le débat marque peut-être le début d’un retournement historique dans le rapport de force entre capital et société. (Article du 25/09/2025 – Courrier Picard)